mardi 2 juillet 2013

130702 - LECTURE - Thomas MANN - Désorde


La nouvelle de Thomans MANN intitulée Désordre est publiée en 1925. Dans Esquisse biographique, Thomas MANN déclarait que tous les personnages, toutes les scènes de ses récits lui avaient été fournis par la réalité et il devait en outre confirmer lui-même que l'héroïne de Désordre n'était autre que sa fille Elisabeth. Autour d'elle nous retrouvons des portraits proches des enfants de la famille, notamment ceux d'Erika et Klauss sous les noms d'emprunt d'Ingrid et de Bert.
Je jeune homme apparaît sous les traits d'un excentrique, plutôt sympathique, mais sur lequel un père ne saurait compter. Il suit d'ailleurs beaucoup plus les modèles offerts par ses amis que ceux proposés par son milieu, il fume force cigarettes, se maquille et cultive un genre ambigu.
Il constitue avec sa soeur aînée une paire indissociable, un peu fantasque, aimant fort berner et mystifier son prochain, cultivant les plaisanteries jusqu'à la provocation. Un garçon qui est déjà un sujet d'anxiété pour son père, même s'il n'a jusqu'alors rien commis de répréhensible et qui cède le pas à ses camarades quand des comparaisons sont établies.
Ce portrait littéraire concentre la force des appréhensions paternelles, trahit un Thomas MANN fort soucieux, déçu en même temps de ne pouvoir compter sur son premier fils. Cependant les soucis du professeur Cornélius, le chef de famille de Désordre, sont le plus souvent rentrés, réprimés. 
Un monologue intérieur se poursuit en une promenade en solitaire : Bert ignore tout des préoccupations de son père dans ce moment. Le refus du dialogue s'explique en partie par l'écart entre les générations, présenté dans ce texte comme un infranchissable abîme. Les parents ne comprennent pas le choix de leurs enfants, prennent pour repoussoir ce qui apparaît aux plus jeunes comme un exemple plein de charmes. Dépassés par cette évolution trop rapide, ils capitulent, abandonnent en apparence, restent crispés au fond. Cornélius ne communique plus avec Bert qui regarde son ascendant avec méfiance. 
Il faut noter qu'une grande similitude unit les oeuvres du père te du fils sur la question de leurs rapports : opposition entre la vie conventionnelle et réglée de l'un, et la vie dissolue et débridée de l'autre.

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