lundi 1 juillet 2013

130701 - ECOUTE - Richard WAGNER - Le Vaisseau fantôme



LE VAISSEAU FANTÔME

George LONDON (le Hollandais)
Leonie RYSANEK (Senta)
Giorgio TOZZI (Daland)
Kerl LIEBL (Erik)
Rosalind ELIAS (Mary)
Richard LEWIS (le Pilote)

Choers et Orchestre du Royal Opera Houise Covent Garden , 
sous la direction de 
Anton DORATI


Antal DORATI, en 1960, c'est surtout le ballet : ses STRAVINSKY, ses TCHAÏKOVSKI, ses STRAUSS, son Américain à Paris, son Mandarin merveilleux font déjà référence. La réussite de ce Vaisseau, pourtant, n'aurait pas du surprendre. Celui qui avait débuté à Budapest comme chef d'opéra revenait aux sources pour Le Vaisseau fantôme, sa première intégrale lyrique (!). Suivront le Barbe-Bleue de BARTOK, l'Hélène d'Egypte de STRAUSS et sa grande somme des opéras de HAYDN.

Produit par Richard MOHR  pour RCA mais bientôt repris par Decca, l'album s'imposa aussitôt, malgré FRICSAY, KEILBERTH, KONWITSCHNY ou SAWALLISCH. Un demi-siècle après, à l'heure de dresser un bilan de la discographie (cf. Oeuvre du mois, 
n°614), il arrivait encore en tête. Pour l'énergie et la souplesse de la direction, pour l'équilibre des pupitres et des tempos, pour l'impact d'une prise de son fantastique, effets spéciaux compris. Pour le sens de la narration surtout, DORATI raconte, il "donne à voir", avec un sens infaillible des enchaînements. Ecoutez comme il passe du brouhaha de la fin du I au ronron des rouets, des tensions à la fin du duo entre Sensa et Erik à l'arrivée de Daland et du Hollandais.

Hybride le Vaisseau, tiraillé entre le WEBER d'hier et le WAGNER de demain ?  Pas chez lui. S'il varie beaucoup les atmosphères, il nous rappelle aussi la profonde unité de cet "opéra romantique". Le ballet lui aurait-il appris ç avancer si sûrement ? DORATI est un des rares à faire aussi naturellement cohabiter deux mondes, celui de Daland et celui du Hollandais : on entend bien, au début du III, deux choeurs de matelots, fêtards et ténébreux.

Hollandais et Daland, parfois, se ressemblent trop, avec ces capitaines au timbre noir.Giorgio TOZZI rappelle que le Vaisseau garde quelque chose de l'opéra italien, il donne une sorte de noblesse naïve au personnage, parfois goguenard jamais bouffon. L'antithèse du maudit des mers de George LONDON : voix caverneuse, rocailleuse, l'exact Hoher Bass du rôle, celle du Wotan qu'il fut aussi. Il y a chez lui les éclats du dieu brisé, ses tourments intérieurs aussi ; la déclamation souvent impérieuse, très différente du phrasé de Liedersänger d'un HOTTER, devient murmure attendri à la vue de Senta.

Il forme avec Léonie RYSANEK un vrai couple, réuni et consacré en 1959, par Wieland WAGNER à Bayreuth - souvent l'écueil des versions du Vaisseau, où les deux n'atteignent pas les mêmes hauteurs. La Ballade préfigure ce que sera l'itinéraire de Senta : un rêve éveillé, presque hagard, consomption progressive, lumière blessée, qui va peu à peu devenir exaltation hallucinée, névrose, où les couleurs de la voix apparaîtront dans leur nudité fauve, où l'aigu déploiera sa gloire. L'Erik éperdu de Karl LIEBL, trop oublié aujourd'hui, est à cette Senta ce que TOZZI est à LONDON : timbre plus lisse et plus franc, chant heureusement plus proche de Max que de Tristan, avec des inflexions à la WINDGASSEN.

Tous (à l'exception du Pilote nostalgique et si châtié de Richard LEWIS, de la Mary de Rosalind ELIAS) avaient un an avant, sous la direction d'un Thomas SCHIPPERS aussi intense mais moins dominé que DORATI,fait au Met un Vaisseau mémorable - le live existe. Le studio en conserve l'urgence et y ajoute le fini, le poli des versions auxquelles on retourne toujours.

Didier VAN MOERE.


LE VAISSEAU FANTÔME

OUVERTURE - Presque un poème symphonique, le drame en miniature, où s'opposent les thèmes du Hollandais et de Senta, avant que surgisse celui du choeur des marins.

ACTE I - Une tempête oblige le capitaine norvégien Daland à faire escale dans la baie de Sandvicke. Son pilote, impatient de retrouver sa bien-aimée, s'endort sans apercevoir un étrange bateau. C'est celui du Hollandais volant, condamné à sillonner les mers pour avoir défié Dieu, aspirant en vain à la mort ; tous les sept ans, il peut, sur terre, chercher le salut à travers l'amour d'une femme.Il demande l'hospitalité à Daland, puis la main de sa fille en l'échange de trésors. Appâté et ravi, le capitaine s'empresse d'accepter. La tempête est apaisée, les marins reprennent joyeusement le chant du pilote.

ACTE II - Chez Dalnd, les jeunes fileuses attendent leurs hommes. Senta, elle, est fascinée par le portrait du Hollandais, dont elle raconte l'histoire, rêvant d'être son ange rédempteur. Le chasseur Erik, son fiancé, annonce l'arrivée de Daland : tandis que les jeunes filles se précipitent vers le port, Erik, conscient de n'être guère reluisant, la supplie d'intervenir auprès de son père et d'oublier le tableau. Un songe, d'ailleurs, lui a prédit l'union de la jeune fille et du Hollandais. Daland n'a guère besoin de vanter à Senta les mérites de celui qu'elle reconnaît aussitôt : elle lui promet éternelle fidélité.

ACTE III - Au port, c'est la fête. La mer gronde bientôt autour du bateau des marins hollandais, dont le chant satanique couvre celui des Norvégiens effrayés. Erik rappelle à Senta ses anciens serments. Le Hollandais se croit trahi mais ne veut pas qu'elle soit perdue elle aussi. Alors qu'il prend la mer, elle se jette dans les flots, accomplissant le sacrifice salvateur. Les deux amants enlacés s'élèvent vers le ciel. 



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