dimanche 20 mai 2012

120520 - LECTURE - Georges Simenon - Le petit Saint

 

 

Présentation


Louis Cuchas est l'avant-dernier d'une famille de six enfants. Nés de pères différents, rien ne les rapproche, sinon le toit qui les abrite dans une promiscuité où le vice lui-même n'a plus de nom. Leur mère, partagée entre ses amants successifs et sa charrette de marchande des quatre-saisons, n'a guère le temps de s'en occuper. C'est parmi les petites gens du quartier populeux de la rue Mouffetard que Louis laisse le monde venir à lui, enregistrant sons, couleurs, images, sensations, sous la protection de sa mère, dont il est le préféré. A l'école, il s'isole, et son regard pétillant excelle à saisir les choses comme les gens. Le surnom de « Petit Saint » que lui ont donné ses condisciples a rapidement gagné les Halles où, à sa demande, il accompagne sa mère chaque matin, avant l'aube. Ses frères et sœurs vont déserter un à un le logis familial, Gabrielle ne reçoit plus d'hommes, Louis grandit. Il a quitté l'école et travaille la nuit aux Halles, mais il reste toujours le petit garçon aimable et pudique, avec son visage de fillette encadré de boucles délicates. Un jour, il se découvre une grande passion, la peinture. Désormais, il ne vivra plus que pour elle, s'efforçant de traduire à sa manière, dans la juxtaposition de couleurs pures, ce qu'il a accumulé en lui depuis vingt ans. C'est l'éclosion à une vie nouvelle qui le fascine, malgré les jours difficiles, et, en même temps, la première expérience amoureuse. Il déménage, quittant la rue de son enfance et sa mère qu'il aimera toujours tendrement. Ses toiles se vendent, sa popularité naît et croît grâce à son ami, Suard, qui a encouragé ses débuts. Mais peu soucieux d'argent et de gloire, il restera Louis, le mystérieux petit garçon à la fois proche et lointain – dont la renommée, auréolée de légende, fera plus tard un artiste célèbre.

Les premières lignes…

 

Il avait entre quatre et cinq ans lorsque le monde commença à vivre autour de lui, lorsqu'il prit conscience d'une vraie scène se jouant entre des êtres humains qu'il était capable de distinguer les uns des autres, de situer dans l'espace, dans un décor déterminé. Il n'aurait pas pu préciser, plus tard, si c'était en été ou en hiver, bien qu'il eût déjà le sens des saisons. Probablement en automne, car une légère buée ternissait la fenêtre sans rideau et la lumière du bec de gaz d'en face, seule à éclairer la chambre, jaunâtre, semblait humide.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire