mercredi 27 mars 2013

130327 - ECOUTE - SCHUBERT - Le Voyage d'Hiver


SCHUBERT

 



LE VOYAGE D'HIVER

24 lieder sur des poèmes de Wilhelm Müller
 



01 – Gute Nacht

02 – Die Wetterhahne

03 – Gefrorene Tränen

04 - Erstarrung

05 – Der Lindenbaum

06 - Wasserflut

07 – Auf dem Flusse

08 - Rückblick

09 - Irrlicht

10 - Rast

11 - Frühlingstraum

12 - Eisamkeit

13 – Die Post

14 – Der greise Kopf

15 – Die Krähe

16 – Letztz Hoffnung

17 – Im Dorfe

18 – Der stürmische Morgen

19 - Tâuschung

20 – Der Wegwaiser

21 - Das Wirtshaus

22 - Mut

23 – Die Nebensonnen

24 - Der Leiermann

 



Dietrich Fischer-Dieskau, baryton

Gérald Moore, piano
 



Enregistré le 4 juillet 1955 à Prades


     En 1823, les vingt lieder de La Belle Meunière conduisaient à la noyade du jeune meunier. Mort symbolique peut-être, car Le Voyage d'Hiver, quatre ans plus tard, s'ouvre sur Gute Nacht : "Bonne nuit", mots chantés par le ruisseau à la fin du cycle précédent. SCHUBERT s'y prend en deux temps : la première moitié entre février et le printemps 1827; la seconde à l'automne, après la découverte de nouveaux poèmes de Wilhelm MÜLLER. Depuis La Belle Meunière, le ton a changé, pour creuser les abîmes du désespoir et de la solitude au fil d'une errance sans fin :"Et moi, je marche sans mesure; sans repos, je cherche le repos" (N°20). Inutile alors de consulter le poteau indicateur(N°20) et d'invoquer le courage (N°22). Les paysages glacés reflètent les émotions du narrateur et intensifient sa douleur : "Mon cœur, en ce ruisseau, reconnais-tu à présent ton )mage?" (N°07). Quand la nature s'anime, les rafales du vent fouettent le Wanderer (N°02,05,16 et 18). La neige pique la peau comme les larmes (N°03,04,06 et 08) : "Le sol est brûlant sous mes semelles, bien que je marche sur la glace et la neige" (N°08).
 
           La conception dramatique a également évolué. Il s'agit moins d'une narration, au sens habituel du terme, que d'une succession d'états d'âme. L'unité du cycle réside dans la récurrence des images poétiques et de certains gestes musicaux : écriture dépouillée traduisant le vide intérieur du personnage ; brefs motifs obsédants comme le souvenir de la bien-aimée ; harmonie qui s'éclaire fugitivement et rend plus déchirant le retour au mode mineur (seize des vingt-quatre lieder sont en mineur !) ; scansion de marche funèbre (N°01,03,07,10,12,15 et 20) s'immobilisant dans un tempo étiré (N°21) ; sèches ponctuations du piano (N°03,07 et 16). Quelques échos de musique populaire renvoient au bonheur perdu (N°05 et 13) ou signalent un rêve éveillé (N°11). Le Voyage d'Hiver est d'ailleurs jalonné d'illusions que dissipe vite la cruelle réalité (N°09,11,19 et 23). La trajectoire se dessine imperceptiblement.
 
           Les irruptions de violence, d'autant plus saisissantes qu'elles restent brèves, sont plus fréquentes dans la première partie. Solitaire jusqu'au N°12, le Wanderer croise une sinistre corneille (N°15), des chiens hostiles (N°17) puis un pauvre joueur de vielle, sa propre image (N°24) : "Etrange vieillard, m'en irai-je avec toi ? Veux-tu bien accompagner mes chants au son de ta vielle ?" En 1828, SCHUBERT rencontrera à nouveau son double chez HEINE (Der Doppelgänger) et poursuivra son voyage. Ses derniers chefs-d'oeuvre (sonates pour piano, quintette à deux violoncelles, Le Chant du cygne) explorent des gouffres insondables mais scellent aussi la réconciliation avec l'Ame du monde (Weltseele).
 
Hélène Cao.
 
 











 










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