jeudi 14 mars 2013

130314 - ECOUTE - TELEMANN - Trois concertos pour trompettes, hautbois, flûte à bec et orchestre

Georg-Philipp TELEMANN

TROIS SONATES
POUR TROMPETTES, HAUTBOIS
FLUTES A BEC ET ORCHESTRE
 




Concerto en ré majeur,
pour 3 trompettes, 2 hautbois et orchestre

Concerto en fa mineur,
pour hautbois et orchestre à cordes

Suite en la mineur,
pour flûte à bec et orchestre à cordes

Arthur Statter, Harry Peers,
Maurice PERESS : trompettes
Theodora SCHULZE : hautbois & flûte à bec
THE TELEMANN SOCIETY
sous la direction de
Richard SCHULZE




Les styles musicaux évoluent à des rythmes différents chez les différents peuples. Ainsi, tandis que l'Italie avait déjà adopté le «stile galante» rococo dans le premier tiers du XVIII° siècle, l'Allemagne ne connut le plein épanouissement du baroque que dans le second tiers du même siècle. La révolution, dont MONTEVERDI avait été le premier précurseur, fut parachevée en Italie par GABRIELI et FRESCOBALDI. En Allemagne, le baroque, avec ses aspirations et ses techniques, fut introduit par SCHEIN, SCHÜTZ et SCHEIDT : il atteignit son apogée un siècle plus tard, à l'époque de BACH et de TELEMANN.

Georg-Philipp TELEMANN (1681-1767) est sans doute le meilleur exemple qu'on puisse donner d'un compositeur allemand de la fin du baroque. Avec encore plus de souplesse que HAENDEL, il sut assimiler un grand nombre de styles musicaux nationaux ou régionaux et les fondre en ce que nous pourrions appeler le «style international» de son époque.

Nous sommes mal fondés à dédaigner aujourd'hui un musicien dont BACH avait soigneusement recopié les partitions pour son propre usage, à qui BACH avait demandé d'être le parrain de son fils aîné (qui devint l'illustre Carl-Philipp-Emmanuel). HAENDEL et TELEMANN correspondaient aussi sur le pied d'une étroite amitié, se communiquant tantôt leur musique tantôt leurs idées. HAENDEL admirait grandement TELEMANN comme compositeur et comme contrapuntiste, disant que TELEMANN pouvait écrire un motet à huit voix aussi facilement qu'une personne ordinaire rédige une lettre.

Musicalement, TELEMANN s'était instruit presque seul. En 1700 il fut envoyé à l'université de Leipzig pour y étudier les langues et les sciences, mais sa compétence musicale était déjà si affirmée qu'il put y fonder un collège musical, écrire des opéras pour le théâtre et prendre le poste d'organiste à la Neuekirche en 1704. La même année, il devint, à Sorau, maître de chapelle du comte de PROMNITZ et, en 1708, directeur de la musique. De 1712 à 1721, il dirigea une société musicale au palais de Frauenstein, à Francfort-sur-le-Main, et la chapelle du margrave de Bayreuth. En 1721, il fut nommé cantor du Johanneum et directeur de la musique dans les cinq principales églises de Hambourg ; c'est à ces postes qu'il consacra les quarante-six dernières énnées de sa vie et c'est généralement à Hambourg que nous associons son souvenir. Mais il fit de nombreux voyages, notamment à Berlin – où il subit le courant de musique polonaise qui affluait de l'Est – et à Paris (en 1737) où il assimila une bonne partie du style français à) la mode.

Le catalogue de ses œuvres comporte 40 opéras, 12 série de cantates et de motets pour le service liturgique de l'année (quelques 3000 numéros), 12 services funèbres, plus de 600 ouvertures (suites d'orchestres) et un grand nombre de concertos, sérénades, quatuors, sonates et œuvres instrumentales diverses. Il est piquant de constater que notre siècle l'a jugé sans avoir pu entendre aucun de ses grands ouvrages.

Suite en la mineur,
pour flûte à bec et orchestre à cordes

Cette suite est l'une des plus belles œuvres de TELEMANN et à juste titre l'une des plus connues ; le manuscrit en était oublié dans la Bibliothèque de l'Etat de Hesse, à Darmstadt ; en 1936, le Dr Horst BÜTTNER le tira de l'ombre, l'édita et le fit connaître.Il date sans soute de l'époque 1712-1721, comme la plupart des manuscrits de TELEMANN contenus dans cette bibliothèque. TELEMANN écrivit cette suite pour la flûte à bec et, pour la première fois, on peut l'entendre dans cet enregistrement avec une flûte à bec alto.

L'œuvre est en 7 mouvements : Ouverture, Les Plaisirs, Air à l'italienne, Menuets I et II, Réjouissance, Passepieds I et II, Polonaise. On ne peut s'empêcher de penser ici à la «Suite en si mineur» de BACH, également écrite pour flûte et cordes. Les deux suites sont d'esprit très semblable. BACH a fait suivre son Ouverture des danses usuelles, Rondeau, Sarabande, Bourrée, Polonaise, Badinerie, suivant un programme qui était courant au XVIII° siècle en Allemagne et qui permettait à la suite d'absorber aisément des éléments musicaux d'origine italienne, française ou polonaise. Ici TELEMANN ne souffre pas d'un rapprochement avec BACH, dont l'œuvre est plus familière, sa partie de flûte met aussi joliment l'instrument en valeur, son écriture polyphonique et contrapuntique ne montre pas moins de ressources et d'inventions.

Concerto en fa mineur,
pour hautbois et orchestre à cordes

Si l'origine de cette œuvre reste inconnue, l'authenticité du manuscrit est hors de question. Il fut découvert et publié par Fritz STEIN en 1932. La coupe est classique, en trois mouvements : Allegro, Sicilienne, Vivace. Le premier mouvement est bâti sur un large thème, exosé par les cordes et qui sera traité en style serré. Le hautbois ne reprend jamais le sujet principal tel quel, mais en tire une succession de variations mélodiques tandis que les cordes continuent de développer ce sujet plus classiquement. Le second mouvement, largo e piano, est à 6/8 en rythme pointé ; la mélodie est confiée au hautbois, soutenu par des gammes descendantes des cordes. Le langage harmonique est simple ; l'effet produit, tendre et élégant, rappelle l' «air tendre» du style français, montrant une fois de plus à quel point TELEMANN pouvait assimiler les divers styles nationaux. Une courte cadence conduit – sans interruption – au troisième mouvement, un Vivace animé à ¾ construit sur deux sujets simples et auquel de nombreuses doubles-croches piquées donnent une touche d'humour très fin.

Concerto en ré majeur,
pour 3 trompettes, 2 hautbois et orchestre

c'est un concerto brillant et assez extérieur, tout plein de «joie de vivre». Les trois trompettes et les deux hautbois sont renforcées par des timbales. L'oeuvre date probablement ds années 1730 et fut écrite à Hambourg en même temps que d'autres concertos pour trompette solo. Elle comporte trois mouvements : Intrada-Allegro, Laro, Vivace.
L'Intrada est une introduction pleine de vie jouée par les cinq instruments solistes et l'ensemble entier des cordes ; Un large emploi est fait d'un rythme pointé et les solistes rivalisent à l'envi dans le traitement en imitation de diverses sections de la mélodie. Quatre mesures dans le ton de la dominante, notées Grave, conduisent à un Allegro, l'essentiel du mouvement. Ici l'intérêt concertant repose essentiellement sur les deux hautbois, qui se jouent l'un et l'autre à travers une série de dessins complexes et richement ornés. Les trompettes et les timbales interviennent peu jusqu'à la coda.
Le second mouvement est confié au premier hautbois sur accompagnement des cordes. Ce hautbois détaille une mélodie lente aux notes soutenues, d'un caractère prenant et plaintif, dans le style de l'arioso italien.
Le finale revient au brillant et à l'exubérance du premier mouvement. Les trois parties de trompettes sont particulièrement chargées et difficiles, comme aussi celles des hautbois. Le mouvement se développe avec gaité et avec fougue, à partir de deux thèmes principaux de caractère aussi énigmatique que mélodique. Le coda fait appel à toute la puissance des solistes et du tutti, amenant l'ensemble à une conclusion sonore et triomphale.

De William B. OBER




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