Emmanuel
CHABRIER
Les
pièces pittoresques
Paysage
Mélancolie
Tourbillon
Sous
bois
Mauresque
Idylle
Danse
villageoise
Improvisation
Menu
pompeux
Scherzo
valse
Rena
Kyriakou, piano
Alors
qu'il venait d'assister à la première audition des Pièces
Pittoresques César FRANCK s'écria : « Nous venons
d'entendre quelque chose d'extraordinaire, une musique qui relie
notre temps à celui de COUPERIN et de RAMEAU ! »
Par
sa clarté et le raffinement de son langage, l'art de CHABRIER
rejoint bien celui des maîtres du XVIII° siècle. Tournant le dos
au romantisme, il retrouve les traits permanents du génie français
: une étincelante vivacité de l'esprit et une sensibilité masquée
par l'ironie. CHABRIER y ajoute sa marque propre d'humour, de
jovialité, de franchise incisive, de refus des conventions
routinières.
C'est
pourquoi les Pièces Pittoresques allaient marquer, en 1881,
le naissance d'une littérature française de piano enfin originale.
De RAVEL à POULENC, les compositeurs du XX° siècle reconnaîtront
d'ailleurs tout ce qu'il doivent à CHABRIER.
Il
faut savourer un à un les dix brefs croquis de ces Pièces
Pittoresques. Après la
gracieuse tendresse du Paysage,
le mystérieux murmure de Mélancolie
invite à un vagabondage nostalgique qu'interrompt la fougue
rythmique du Tourbillon.
Avec une stricte économie de moyens, Sous Bois
retrouve ce sens du mouvement jusque dans l'immobilité apparente. Et
si Mauresque n'est
qu'une courte espagnolade, mais aux délicieux effets de guitare,
l'exquise Idylle a la
transparence d'une perle rare. La même luminosité se retrouve dans
le trio de la Danse Villageoise
et devient véritable effusion lyrique dans la cascade d'arpèges de
l'Improvisation. Enfin, la gaieté exubérante du Menuet
Pompeux, inspiré par les danses
auvergnates, prélude à la dextérité rythmique et à la jovialité
colorée du Scherzo-Valse.
Peut-être, au terme de ce recueil qui propose tant d'images variées
du même génie, est-ce dans ces deux pièces qu'apparaît, sans
masque, le plus authentique visage de CHABRIER.
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