Ludwig
van BEETHOVEN
LES
DEUX DERNIERES SONATES
POUR
PIANO
Sonate
n°31 en la bémol majeur, opus 110
1
– Moderato cantabile molto espressivo
2
– Allegro molto
3
– Adagio, ma non troppo (Arioso dolente)
4
– Fuga (Alllgro ma non troppo)
Sonate
n°32 en ut mineur, opus 111
1
– Maestoso
2
– Allegro con brio ed appassionato
3
– Adagio molto semplice e catabile
Robert
Riefling, piano
BEETHOVEN
n'est libre qu'au piano, où il est son propre interprète. Ailleurs,
la discipline du jeu collectif lui impose des limitations sévères,
en matière de rythme et de structure. La clavier est son confident
par excellence et on sait qu'il fut, non seulement un grand pianiste,
mais aussi un improvisateur génial. Au dire de ses contemporains,
ses improvisations dépassaient souvent ses œuvres écrites les plus
admirables. De cet esprit, les dernières Sonates surtout nous
offrent de nombreux témoignages.
La
Sonate en mi bémol majeur opus 110, esquissée dès 1919, ne
fut achevée qu'en décembre 1821. Elle ne comporte point de
dédicace, car son contenu psychologique revêtait, pour BETHOVEN,
une signification si intime et si précise, autobiographique même,
qu'il n'a voulu en faire l'hommage à qui que ce soit. Cette Sonate
nous parle plus qu'une autre, car le compositeur n'a voulu nous
dérober aucune des péripéties de la lutte que mènent la volonté
et l'énergie, ces raisons d'être de l'homme BEETHOVEN, avant
l'admirable cri de triomphe qui termine la Sonate.
La
Sonate en ut mineur opus 111, la dernière, demeura sur le
chantier de 1819 au début de 1822. BEETHOVEN semble avoir voulu y
accumuler les antithèses jusqu'au paradoxe : mineur et majeur, ombre
et lumière, action et contemplation, concentration et ampleur,
temporalité et éternité. Cette œuvre, d'une extrême rigueur
formelle, n'existe que par la compensation de ses extrêmes. Elle
culmine dans le sublime arietta à variations, dont le
dépouillement libère un message d'une irremplaçable richesse
spirituelle.
Et quand la dernière note s'éteint, la musique disparaît de notre perception, mais le cycle des métamorphoses n'est pas clos : au-delà du silence, il se poursuit en nous, en cette harmonie réalisée de l'être et de la création qui est la source et la fin de toute musique.
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