Pietro
Antonio LOCATELLI
DEUX
CONCERTOS
POUR
VIOLON ET ORCHESTRE
Concerto
n°11 en la majeur
Concerto
n°12 en ré majeur
Suzanne
Lautenbacher, violon
Orchestre
de Chambre de Mayence
sous
la direction de
Günter
Kehr
LOCATELLI
eut la chance de vivre, de 1695 à 1764, un moment unique de notre
civilisation : cette montée du XVIII° siècle où l'art et le goût,
brisant les cadres nationaux, s'européanisent dans un élan fécond.
Et ce bergamasque fut pleinement homme de son temps : de Mantoue à
Dresde, de Venise à Berlin, de la Rome majestueuse, où son
adolescence reçut les premières leçons de CORELLI, à l'opulente
Amsterdam, où il se fixa et mourut, il promena à travers l'Europe
un talent de virtuose si éclatant qu'il fit longtemps ombrage au
génie du compositeur. Maintenant, le silence du violon qui fascina
l'Europe nous permet de mieux orienter notre admiration et l'ozeuvre
de LOCATELLI nous apparaît dans toute son importance.
Les
douze concertos de l'Arte del Violino, publiés en 1733, sont
le sommet de cette œuvre. Le moment est décisif: le conformisme des
successeurs de CORELLI stérilise le style polyphonique, alors que
l'engouement pour le style mélodique accepte déjà la médiocrité
harmonique dont mourra bientôt la musique instrumentale italienne.
Entre ces deux déclins, en plein délire baroque, LOCATELLI réalise
un compromis génial: il anime la rigueur du contreopoint par le
chant d'une virtuosité étincelante. Seul héritier lucide de
CORELLI, il demeure architecte là où ses contemporains ne sont plus
que des chanteurs. Mais, rejetant toute austérité formelle, il
magnifie la mélodie avec un sens très rare de l'équilibre
instrumental.
Dominant
l'art musical italien de son temps, l'Arte del Violino est
aussi un des monuments de la musique pour violon. Si les qu alités
expressives de l'instrument sont exaltées dans le dialogue des
concertos, ses possibilités techniques sont exploitées à l'extrême
par les capriccios qui encadrent chacun d'eux et laissent le violon
chanter seul sa haute virtuosité. Mais si, seul, un virtuose pouvait
imaginer ces pages, il fallait être musicien de génie pour les
écrire.
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