vendredi 19 avril 2013
jeudi 18 avril 2013
130419 - LECTURE - Ryu MURAKAMI - Les Bébés de la consigne automatique
130417 - ECOUTE - COUPERIN - Treize pièces pour clavecin
François
COUPERIN
PIECES
POUR CLAVECIN
Sixième
Ordre:
Les
Moissonneurs
Les
langueurs – Tendres
Le
Gazouillement
Le
Bersan
Les
Baricades Mistérieuses
Les
Bergeries
La
Commère
Le
Moucheron
Onzième
Ordre :
La
Castelane
L'Etincelante
Les
graces – Naturéles
La
Zénobie
Les
Fastes de
la
Grande et Ancienne Ménestrandise
Huguette
Dreyfus, clavecin
L'année
1716 est une date faste dans l'histoire du clavecin. Elle vit
paraître de Deuxième Livre de Pièces de Clavecin de COUPERIN.
L'illustre compositeur y donnait toute la mesure de son génie
créateur et offrait à son instrument de prédilection quelques des
plus belles pages qui lui aient été dédiées.
C'est
en effet au clavecin que COUPERIN voua le meilleur de son art : il
écrivit pour lui 233 pièces, qui sont la partie la plus originale
de son œuvre. Ces pièces sont groupées par tonalité en 23 ordres,
chacun de ceux-ci devant être joué, en entier, comme une suite.
Fidèle
à cette exigence, ce disque n'est nullement une anthologie. Il
réunit les treize pièces constituant l'intégralité des sixième
et onzième ordres du Deuxième Livre, celui de 1716.
COUPERIN
y réussit une double et géniale synthèse. D'une part, comme dans
toute son œuvre, il s'efforce de réconcilier les goûts italiens et
français. D'autre part, il introduit dans la rigueur architecturale
de la suite de danses la liberté expressive et descriptive du
portrait. Sans jamais manquer aux exigences du contrepoint, il
l'illumine par la fraîcheur de l'invention mélodique. Et, jusque
dans l'humour, il garde cette mesure qui est le secret de son art.
Ainsi
la gaîté champêtre du Sixième Ordre, virevoltante et rêveuse,
garde-t-elle toujours un miraculeux équilibre. Ainsi le Onzième
Ordre conduit-il de la grâce ailée se ses premières pièces
jusqu'à la bouffonnerie solennelle et caustique de la Ménestrandise,
dans que l'originalité et la hauteur de l'inspiration en soient
affectées.
COUPERIN,
c'est à la fois l'enchantement de WATTEAU, l'humour de COUPERIN et
la lucidité de MONTESQUIEU : c'est l'aurore d'un siècle de grâce
et de raison. Mais COUPERIN, c'est aussi ce «profond et nostalgique
géomètre du mystère» (Roland-Manuel) qui dépasse les siècles et
livre à chacun d'eux le message du génie français.
130417 - FILM TV - A la poursuite d'Octobre rouge
Synopsis et détails
En 1984, l'URSS lance un sous-marin de conception révolutionnaire. Tous les services secrets américains sont sur les dents. Le capitaine Ramius, l'as de la marine soviétique, charge des premiers essais en mer, exécute l'officier politique charge de la surveillance du bâtiment et met le cap sur les États-Unis. Les marines des deux grandes puissances sont a sa poursuite, et personne ne connait ses intentions, revanche, provocation, geste de démence ou de paix ?
|
140416 - FILM TV - La dernière campagne
« La Dernière campagne » :
la télé ose (un peu)
Bernard Le Coq, Patrick Braoudé, Thierry Frémont dans « La Dernière campagne » (GMT Productions) |
Fut un temps où la télé française n’osait pas. N’osait pas, avant un délai de décence de l’ordre du demi-siècle dans le meilleur des cas, s’emparer de la politique, ni de la finance, ni des affaires politico-financières, ni des grandes affaires judiciaires, ni de rien, pour les transformer en fictions.
Fut un temps où l’on pointait avec envie la BBC qui, elle, n’est-ce pas, osait tout. A cette déploration unanime « La Dernière campagne », fiction de France 2 sur la présidentielle (pas celle de 2002. Même pas celle de 2007. Celle de 2012 !), diffusée à l’heure de la plus grande écoute, semble avoir été écrite pour apporter un démenti éclatant.
« Voyez comme on ose, aujourd’hui ! », semble proclamer France 2 aux déplorateurs d’hier. Et voici en effet un trio d’acteurs (Patrick Braoudé, Thierry Frémont, Bernard le Coq) campant les trois derniers présidents vivants, Hollande, Sarkozy, et Chirac. Sans aucun excès de révérence, envers ces figures pourtant sacramentelles, et accessoirement instances de nomination, passées ou futures, du président de France télévisions : Chirac et ses absences séniles, Sarkozy et ses tics nerveux, Hollande et sa niaiserie. Et pas seulement eux. On s’esbaubit aussi au festival des seconds rôles (NKM, Jean-Louis Debré, sans oublier le bichon Sumo), tous plus jouissifs les uns que les autres. Ce casting est un orgasme permanent.
Un Hollande à la ramasse
Le scénario, lui aussi, a osé s’affranchir de la réalité attestée, pour imaginer des rencontres nocturnes fantasmatiques, dans un château de Solférino déserté et branlant, entre Hollande et Chirac. Un Hollande à la ramasse, en panne d’idées, et un Chirac qui lui apprend à serrer des mains en regardant les gens dans les yeux, et lui souffle ses thèmes de campagne, à commencer par la tranche de 75%. Sur le message politique recherché par ces audaces scénaristiques, on reste perplexe, mais peut-être n’y en a-t-il aucun.
Est-ce à dire que le Rubicon est franchi, et que l’on peut désormais attendre, pour septembre, un téléfilm Cahuzac, sur lequel planchent déjà trois équipes concurrentes de scénaristes ? Pas si vite ! Restent tout de même quelques inhibitions discrètes, mais éloquentes. D’abord, anecdotiquement, sur les femmes et les compagnes. Si Bernadette Chirac, plus revêche et Chodron de Courcel que nature, est délicieusement présente dans le téléfilm, pas trace de Carla Bruni ni de Valérie Trierweiler. L’audace a ses limites.
Surtout, l’action reste cantonnée à la politique politicienne. Seule l’affaire Merah vient y apporter le souffle des convulsions de la société. Du chômage, de Florange, des Roms, de l’identité nationale, de Takieddine, de Tapie, de Bettencourt, pas une seule trace. Sur les casseroles période mairie de Paris de l’émouvant vieillard Chirac, en revanche, quelques allusions plus explicites. Bref, bon début, mais encore des efforts à faire...
130417 - ECOUTE - MENDELSOHN - Le Songe d'une nuit d'été
Felix MENDELSOHN-BARTHOLDI
LE SONGE D'UNE NUIT D'ETE,
musique de scène op. 61
1 - Ouverture - Allegro di molto
2 - Scherzo - Allegro vivace
3 - Marche des Elfes - Allegro vivace
4 - Chœur des Elfes "Ye spotted snakes"
5 - Intermezzo - Allegro con appassionato
6 - Nocturne - Con molto tranquillo
7 - Marche nuptiale - Allegro vivace
8 - Marche funèbre - Andate comodo
9 - Danse hongroise
10 - Finale : "Through this house give
glimm'ring light"
Heather Harper, soprano
Janet Baker, mezzo-soprano
Chœur et Orchestre Philharmonia
sous la direction de
Otto Klemperer
OCTUOR A CORDES, op. 20
1 - Allegro moderato ma con fuoco
2 - Andante
3 - Scherzo. Allegro leggierissimo
4 - Presto
Arnold Belnick, Jascha Heifetz,
Israel Baker, Joseph Stepansky, violons
Virginia Majewski, William Primrose, altos
Gabor Rejko, Gregor Piatigorsky,
violoncelles
1826, MENDELSOHN a dix-sept ans. Il vient de découvrir SHAKESPEARE, dont il récite les œuvres avec ses amis dans le grand jardin de la propriété berlinoise de ses parents. Une idée surgit, comme une évidence: le jeune homme va mettre en musique Le Songe d'une nuit d'été, au travers d'une Ouverture autonome. Les fanfares du Duc d'Athènes, le léger crépitement des elfes, les braiements du pauvre Bottom métamorphosé en âne ... mais divinement choyé par Tatiana ensorcelée : toute la fantaisie de la pièce pétille en dix minutes d'une absolue poésie. Une année après l'éclosion du génial Octuor à cordes, le miracle se reproduit, l'œuvre est parfaite. A tel point que, en 1843, lorsque MENDELSOHN la complète par une musique de scène à la demande de l'excentrique roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, aucune différence de style n'est apparente.
Chaque numéro est destiné à un moment précis. Un Scherzo aérien fait écho aux batifolages du lutin Puck, avant que les fées n'entrent en scène avec une marche puis une berceuse chantée à leur reine Titania - fées divines dans l'enregistrement de KLEMPERER, qui avait pu réunir HARPER et BAKER ! Suivent un Intermezzo fiévreux, qui décrit l'angoisse des quatre amants perdus dans la forêt (Puck y a mis son grain de sel!), et un délicieux Nocturne, accompagnant le repos des protagonistes sous l'oeil du lutin. La célébrissime Marche nuptiale sonne alors pour annoncer, dans une joyeuse solennité, les noces du duc d'Athènes avec Hippolyte, puis c'est une autre marche, funèbre cette fois, qui pleure la mort de Pyrame - mort de pacotille, dans la pièce de théâtre que les artisans ont monté pour le Duc. Les braiements de Bottom reviennent avant un finale qui s'évanouit comme un rêve que l'on ne peut retenir au matin.
C'est une autre divagation nocturne qui avait présidé à l'écriture, l'année précédente, de l'Octuor à cordes. Dans le Scherzo ce cet opus 20, MENDELSOHN avait en effet cherché à transcrire l'atmosphère du Songe d'une nuit de sabbat du Faust de GOETHE. Fanny, la sœur et confidente du jeune compositeur, disait que cette musique frémissante lui donnait l'envie "d'enfourcher le manche à balai d'une sorcière pour mieux vivre dans son vol la troue aérienne" qui s'élève vers le monde des esprits. Au-delà de ce Scherzo novateur et éblouissant, l'Octuor, écrit pour l'anniversaire du violoniste Edouard RIETZ, est une vraie merveille, depuis les enthousiastes montées d'arpège de l'Allegro initial jusqu'au joyeux Presto final où, en tendant l'oreille, on devine, sous la forme d'une réminiscence du Messie, l'admiration que MENDELSOHN vouait à HAENDEL.
Jérôme Bastianelli
mardi 16 avril 2013
130416 - LECTURE - GEOVOYAGE CALIFORNIE
130416 - LECTURE - Hella S. HAASSE - Locataires et sous-locataires
130416 - LECTURE - Etienne DAVODEAU - Les mauvaises gens
dimanche 14 avril 2013
130414 - ECOUTE - SCHUBERT - Les huit Impromptus pour piano
Franz
SCHUBERT
LES
HUIT
IMPROMPTUS
POUR PIANO
Les
quatre impromptus, opus 90
Les
quatre impromptus, opus 142
Noël
Lee, piano
Recherchant
une expression intime et subjective, les compositeurs romantiques ne
pouvaient se satisfaire, quand ils écrivaient pour le piano, du seul
cadre rigide et contraignant de la sonate classique. Ils trouvèrent
des formes à leur mesure dans la pièce lyrique de brève dimension,
isolée ou groupée en cycles.
Héritier
de HAYND, MOZART et BEETHOVEN, SCHBERT fut le dernier grand
compositeur chez qui la sonate occupa une position centrale dans la
musique pour clavier. Précurseur de CHOPIN, SCHUMANN et BRAHMS, il
fut aussi le premier grand compositeur à accueillir vraiment la
pièce lyrique pour piano, lui donnant ses lettres de noblesse et ses
premiers chefs-d'oeuvre.
La
contribution de SCHUBERT à ce genre musical est pourtant peu
volumineuse, mais de premier ordre : les deux séries d'Impromptus,
les Moments musicaux et trois Klavierstücke. Toute
cette production date des deux dernières années de sa vie.
Sur
le plan de la structure interne, SCHUBERT n'a pas dans ce domaine
innové plus qu'ailleurs. Les Impromptus adoptent une simple
forme ternaire, ou encore la coupe d'un rondo ou d'un lied,
occasionnellement celle d'une forme-sonate, une fois celle d'un thème
varié. Ce qui est nouveau dans ces pièces, outre leur contenu
poétique, c'est leur autonomie formelle et expressive. Chacune
d'elles pourrait se suffire à elle-même. Et lorsqu'on les réunit
en cycles, comme l'a fait SCHUBERT lui-même, le sens cumulatif est
tout à fait différent de celui d'une sonate.
Le
lyrisme schubertien se révèle ici dans son intime vérité, fait de
tendresse doucement meurtrie, entrecoupé sans cesse d'élans
passionnés et d'appels nostalgiques. Brillants ou mélancoliques,
rêveurs ou sauvages, élégants ou mystérieux, ces Impromptus sont
toujours une effusion d'une réelle beauté.
131214 - FILM TV - Elle s'appelait Sarah
Date de sortie
13 octobre 2010 (1h 51min)
Synopsis et détails
Julia Jarmond, journaliste américaine installée en France depuis 20 ans, enquête sur l'épisode douloureux du Vel d'Hiv.
En remontant les faits, son chemin croise celui de Sarah, une petite fille qui avait 10 ans en juillet 1942. Ce qui n'était que le sujet d'un article devient alors, pour Julia, un enjeu personnel, dévoilant un mystère familial. Comment deux destins, à 60 ans de distance, vont-ils se mêler pour révéler un secret qui bouleversera à jamais la vie de Julia et de ses proches ? La vérité issue du passé a parfois un prix dans le présent... |
130412 - ECOUTE - TCHAIKOVSKY - Cinquième Symphonie
Peter-Ilitch
TCHAIKOVSKY
CINQUIEME
SYMHONIE
EN
MI MINEUR OP. 64
ORCHESTRE
PHILHARMONIQUE TCHEQUE
sous
la direction de
Lovro
von Matacic
TCHAILOVSKY
composa sa Cinquième Symphonie en moins de deux mois, au
cours de l'année 1868. Il traversait alors une grave crise morale,
dominée par le sentiment de la fatalité écrasante du destin. Le
fatum, cette «force du destin qui nous interdit d'être
heureux», était alors ressenti par TCHAIKOVSKY comme le signe même
de la condition humaine. Sa Cinquième Symphonie en est inspirée et
imprégnée : elle exprime la lutte des hommes contre la fatalité et
leur constante recherche du bonheur.
A travers les quatre mouvements de la symphonie, un thème cyclique
grave et triste, le thème du fatum, donne une profonde unité
d'inspiration à l'oeuvre. Ce thème est exposé par eux clarinettes
dès l'andante d'introduction qui précède un allegro
d'une très grande habileté rythmique, proche parfois de la musique
de ballet. Le thème du fatum réapparaît dans le second
mouvement, andante cantabile, après un émouvant dialogue de
la clarinette et du cor, soutenu par le chant douloureux des violons.
La valse du troisième mouvement se prolonge dans l'étrange
mélancolie d'un allegro moderato rêveur et dans le
bouleversant rappel du thème cyclique. Et celui-ci, sous la forme
d'un choral en mi majeur, domine l'andante maestoso final qui
s'achève sur une conclusion éclatante, soulignée par les fanfares
des cuivres.
Oeuvre
émouvante, reflet de l'âme inquiète du compositeur, la Cinquième
Symphonie contient aussi des élans de joie, comme un écho de cette
paisible campagne de Frolovskoïe où elle fut écrite et que
TCHAIKOVSKY aimait tant. Elle est bien, dans cette diversité de
sentiments, le miroir d'un homme tourmenté. Comme elle est, dans sa
perfection musicale, le témoignage d'un talent qui fait de l'oeuvre
de TCHAIKOVSKY, comme l'a proclamé CHOSTAKOVITCH, «une des pierres
angulaires de la culture musicale russe».
jeudi 11 avril 2013
130411 - ECOUTE - ESCAICH, Thierry - Claude
En direct de l'Opéra de Lyon :
Thierry Escaich,
Claude
(Création mondiale)
♫ Livret de Robert Badinter d’après la roman de Victor Hugo, Claude Gueux (1834)
Jean-Sébastien Bou, Baryton, Claude
Rodrigo Ferreira, Contre-ténor, Albin
Jean-Philippe Lafont, Baryton, Le Directeur
Laurent Alvaro, Baryton, L'Entrepreneur /Le Surveillant général
Rémy Mathieu, Ténor, Premier personnage /Premier surveillant
Philip Sheffield,Ténor, Deuxième personnage /Deuxième surveillant
Loleh Pottier*, Mezzo-soprano, La Petite fille
Anaël Chevallier*, Mezzo-soprano, La Voix en écho
Yannick Berne**, Ténor, Premier détenu
Paolo Stupenengo**, Baryton, Deuxième détenu
Jean Vendassi**,Basse, Troisième détenu
David Sanchez Serra**, Ténor, L'avocat
Didier Roussel**, Ténor, L'avocat général
Brian Bruce**, Ténor, Le Président
Laura Ruiz Tamayo, Danseuse
Orchestre et Choeurs de l'Opéra de Lyon
*Elève de la Maîtrise de l'Opéra de Lyon
**Artistes des Choeurs de l'Opéra de Lyon
Avec la participation artistique de l'ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre - http://www.ensatt.fr/)
Karine Locatelli, Chef de choeur de la Maîtrise
Ouri Bronchti, Chef de chant
Jérémie Rhorer, Direction
Olivier Py, Mise en scène
"Claude",
un chant qui monte de l'enfer des prisons
Robert Badinter l'a dit haut et fort :
" Dans un opéra, c'est le compositeur le plus important. Ce sont les opéras de Mozart, et non de Da Ponte. Ce sont les opéras de Strauss, et non d'Hofmannsthal. "
Mais l'ancien Garde des Sceaux de François Mitterrand - aujourd'hui librettiste d'opéra - n'a pas été écouté et est resté médiatiquement en première ligne pour annoncer la création de Claude, tiré du court roman de Victor Hugo, Claude Gueux (1834), et le premier opéra du compositeur et organiste, Thierry Escaich (né en 1965).
Parmi les hôtes de marque de cette soirée du 27 mars pas comme les autres, outre Robert Badinter et sa femme, la philosophe Elisabeth Badinter, Anne Sinclair et Pierre Nora, l'actuelle Garde des Sceaux Christiane Taubira, seul membre du gouvernement à avoir fait le déplacement à l'Opéra de Lyon pour assister à ce plaidoyer contre la prison et pour la dignité humaine.
La peine de mort, abolie en 1981, n'est certes plus une question brûlante en France. La dernière fois que la "Veuve " a tranché, c'était le 10 septembre 1977 pour l'exécution d'Hamida Djandoubi à la prison des Baumettes à Marseille. Mais celle de la justice et des prisons est au cœur des débats fussent-ils opératiques. Ainsi Claude Gueux que Robert Badinter a transposé dans le monde des soieries lyonnaises du XIXe siècle, faisant du héros hugolien (sorte de Jean Valjean avant la lettre) un homme révolté. C'est ainsi que Claude participe à la fameuse révolte des canuts, montés aux barricades sur les pentes de la Croix-Rousse, à deux pas de l'opéra, pour protester contre le remplacement des ouvriers par des machines anglaises. Condamné à sept ans de prison à Clairvaux, dans l'Aube, Claude y aimera un autre détenu, Albin, passion contrariée qui le mènera au meurtre du directeur de la prison, puis à l'échafaud.
Attaché à une démonstration fortement teintée de didactisme, le livret de Robert Badinter n'a pas suivi la rhétorique et les effets de manches hugoliens (encore que le jeune poète de 31 ans soit plutôt sobre). Il en résulte parfois un prosaïsme un peu sec et une atrophie dramaturgique, que la musique démultiplie curieusement par son antithèse pléthorique. La musique de Thierry Escaich évoque en effet une sorte de surpeuplement carcéral, qui utilise les couleurs de l'orchestre avec une impétuosité proche des rutilances d'un plein jeu d'orgue. C'est d'ailleurs cette luxuriance qui rend parfois difficile la marche du parcours vocal, notamment celle du faible contreténor Albin - une bonne idée théorique, inadéquate sur le plan dramatique que cette voix dont "l'étrange étrangeté" a attiré nombre de compositeurs de musique contemporaine ces dernières années, devenant presque une figure obligée.
Vols, viols et violences
La très bonne surprise est venue des interprètes. Sur le plateau d'abord. Saluons tout particulièrement l'incroyable performance du baryton Jean-Sébastien Bou, rôle-titre d'une puissance tellurique, véritable fauve de scène. Si Jean-Philippe Lafont est un directeur de prison monolithique (ainsi le veut le rôle), Rodrigo Ferreira incarne un Albin touchant mais à la trop fragile projection vocale. Les deux chœurs (celui des détenus et le chœur mixte - la voix de Victor Hugo) sont remarquables, les rôles secondaires ne passent pas inaperçus, notamment le ténor Rémy Matthieu (Premier personnage), Laurent Alvaro (l'Entrepreneur), la Petite Fille : Loleh Pottier, que double en écho Anaël Chevallier. A la tête du bel Orchestre de l'Opéra de Lyon, Jérémie Rhorer a réalisé un travail titanesque digne d'admiration, réussissant à braver les éléments parfois cataclysmiques d'une partition hérissée de changements de mesures et autres chausse-trapes instrumentaux.
Olivier Py est ici à son meilleur. Porté par la musique, le metteur en scène a déchaîné sa propre partition dans la partition, utilisant comme un orchestre de résonances et de percussions (coups de pieds, de poings, lits et tables renversés) le décor de hauts murs de briques et l'impressionnant dispositif géométrique de cages à poule que Pierre-André Weitz avait conçu pour sa Carmen mise en scène dans les mêmes lieux en juin 2012. Cette symphonie des corps, liturgie christique du monde carcéral avec vols, viols et violences (physiques, psychologiques et mentales) est celle des anges déchus et des âmes fortes - faiblesse de la chair, esprit qui veille. La jeune ballerine en tutu titubant et tombant par trois fois, percutée par la foule, image finale du rêve paradisiaque de Claude après l'exécution, se relèvera dans une gloire crépusculaire de confettis. Faiblesse de la chair, esprit qui veille.
Bien tristes au réveil de l'opéra longuement acclamé par le public, les clameurs des manifestants anti mariage pour tous, qui, avertis par les réseaux sociaux de la présence de la Ministre de la Justice, sont venus agiter bras et banderoles aux cris de " Casse-toi Taubira " et " Nous sommes tous des enfants d'hétéros ". A quoi Claude Gueux eût répondu en écho : " Nous sommes tous des enfants de Clairvaux. "
Marie-Aude Roux - Lyon. Envoyée spéciale
130411 - ECOUTE - MONTEVERDI - Les Scherzi Musicali
Claudio
MONTEVERDI
LES
SEIZE
SCHERZI
MUSICALI
A
TROIS VOIX
1
– O rosetta che rosetta
2
– La pastorella
3
– Fugge il verno dei dolori
4
– La mia turca
5
– La violetta
6
– Amorosa pupiletta
7
– Maledetto sia l'aspetto
8
– Non cosi
9
– Dolci i miei sospiri
10
– Damigella tutta bella
11
– Lidia spira del moi care
12
– Clori amorosa
13
– Quando l'alba in oriente
14
– I bei legami
15
– Ecco di dolci raggi – Il ch'amato
16
– Balletto: De la bellezza le dovute lodi
BOSTON
CAMERATA
sous
la direction de
Joël
Cohen
A
la fois héritier de la grande tradition polyphonique et visionnaire
d'un art nouveau, MONTEVERDI fut l'un des grands réformateurs de
l'histoire musicale et, véritablement, le créateur de la musique
moderne. Son rôle, à la fin du XVI° siècle, ne peut être comparé
qu'à celui de DEBUSSY, à la fin du XIX° siècle, et il y a entre
les œuvres de ces deux « révolutionnaires » une fascinante
parenté.
Exploitant
d'abord toutes les possibilités du style polyphonique, MONTEVERDI
donna à la prima prattica ses ultimes chefs-d'oeuvre. Mais,
dès l'orée du XVII° siècle,il s'orienta vers la seconda
prattica où, appliquant les thèses humanistes sur la similitude
de la musique et de la poésie, il voulut que les vers commandent à
l'harmonie, sur le plan du rythme comme sur celui de l'expression.
Ainsi
allait naître une musique nouvelle, dont les Scherzi Musicali sont
un des tous premiers exemples. Ces Plaisanteries Musicales à trois
voix, publiées en 1607, ont été composées autour de 1600, pour le
plaisir de la Cour de Mantoue. Ce sont de brefs couplets, alternant
avec des ritournelles instrumentales, et qui étaient destinées à
la danse aussi bien qu'au chant.Divertissements princiers, dont
retentit le palais des Gonzague, ils sont dans la tradition d'un art
courtois et raffiné; mais MONTEVERDI leur confère, avec génie, une
prodigieuse richesse poétique.
La
musique, comme le voulait la prima prattica, y reste encore
très soumise à ses propres impératifs stylistiques et techniques.
Mais la seconda prattica triomphe dans ces Scherzi Musicali,
dont la préface affirmait que « l'expression poétique doit être
la maîtresse de l'harmonie et non la servante ».
Dans
cette musique nouvelle, d'une radieuse jeunesse, tout est admirable
cohésion du texte et de la musique, enchantement de l'expressivité
mélodique et légèreté infinie des formules rythmiques.
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