jeudi 27 décembre 2012

121228 - ECOUTE - STRAVINSKI - Le Sacre du Printemps



IGOR STRAVINSKY


LE SACRE DU PRINTEMPS

Tableaux de la Russie païenne
en deux parties :
L'Adoration de la Terre
Le Sacrifice

ORCHESTRE PHILARMONIQUE TCHEQUE
sous la direction de
KAREL ANCERL






          La plupart ses sommets montagneux, sertis dans la gangue d'un massif, s'en trouvent alourdis et, malgré leur altitude, ne sont guère impressionnants. Mais il en est quelques-uns, comme le Cervin, qu'aucun rival n'épaule et qui s'élencent d'un seul jet. Ceux-là laissent une impression inoubliable de puissance souveraine.

               Il en est ainsi du Sacre du Printemps, chef-d'oeuvre abrupt émergeant de l'histoire musicale, sans que rien l'ait visiblement préparé et auquel aucune oeuvre, jusqu'à ce jour, n'a pu faire écho. Le Sacre du Printemps n'est pas un aboutissement, car il n'assume aucun héritage. Il n'est pas révolutionnaire, car il n'a pas eu de postérité. Il est un sommet de la musique, mais un sommet isolé, pur élan du génie et pure vision musicale, évoquant sans archaïsme un lointain passé et sans recours au folklore une Russie fascinante.

               Sa première audition, le 29 Mai 1913, bouleversa le public et provoqua une célèbre "bataille" entre les "anciens" et les "modernes". En fait, l'oeuvre n'avait rien qui put choquer les premiers ou combler les seconds, car elle échappait totalement aux uns et aux autres par son intemporalité absolue.

               Le Sacre du Printemps, c'est l'irruption de la beauté qui se choisit ses propres formes et sa propre esthétique. C'est l'étrange ballet incantatoire où le rythme se libère et où le timbre de fait magie. C'est le sortilège du génie, dans la frénésie des envoûtements primitifs et des rites telluriques.

                 "On subit le Sacre, disait Emile Vuillermoz, avec horreur ou volupté selon son tempérament". Peut-être faudrait-uil ajouter que Stravinsky y a retrouvé le secret, perdu depuis les tragiques grecs, qui faisait de l'horreur une vomlupté sacrée. Et si aucune choréégraphie ne saurait traduire parfaitement ce ballet, c'est parce qu'il est la danse prodigieuse de tous nos secrets paroxysmes.

 

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