Franz
SCHUBERT
DEUX
QUATUORS A CORDES
Quatuor
en ré mineur
«
La jeune fille et la mort »
Quatuor
en ut mineur
«
Quartettsatz »
QUATUOR
DANOIS
Arne
Swensden, violon I
Palle
Heichelmann, violon II
Knud
Frederiksen, alto
Pierre
René Honnens, violoncelle
SCHUBERT
eut très tôt le sentiment de sa fin prématurée, mais c'est en
1823 que la menace, brutalement, se dévoila : à vingt-six ans,
SCHUBERT se sait atteint d'un mal dont il ne réchappera pas. Un
grand voile d'ombre descend alors sur son existence et,
progressivement, il accèdera à une sorte de sérénité seconde :
cette joie, plus tout à fait d'ici-bas, qui est de la douleur
transfigurée.
Une
telle démarche n'ira pas sans soubresauts furieux, sans révoltes
éperdues, sans reculs incoercibles devant l'horreur inéluctable de
la mort. Et il n'en existe pas de plus saisissant témoignage que le
Quatuor en ré mineur, dit « La Jeune Fille et la Mort
», du nom du lied dont un élément essentiel sert de thème aux
variations faisant office de mouvement lent. Mais déjà, six ans
plus tôt, le Quartettsatz en ut mineur avait
représenté une première et saisissante plongée au cœur des
ténèbres.
Ce
Quatuor en ut mineur date de décembre 1820 et SCHIBERT le
laissa inachevé, pratiquement réduit à un seul allegro. Ce
Quartettsatz est le premier témoignage de la maturité
schubertienne en matière de musique de chambre. Il n'est que
d'entendre la sublime mélodie du premier violon, cœur expressif de
l'oeuvre et son centre de gravité, pour mesurer la plénitude
atteinte alors par SCHUBERT.
Terminé
en janvier 1826, le Quatuor en ré mineur ne
connut aucune exécution publique du vivant du compositeur. C'est
pourtant, sur le plan de la forme comme sur celui de l'inspiration,
un de ses plus purs chef-d'oeuvre. Il y atteint ces paroxysmes
passionnels qui semblent calciner la chair de la musique pour n'en
laisser que le squelette. Mais une souveraine sérénité répond à
ces vertiges hallucinés et déploie d'admirables harmonies, d'une
stupéfiante richesse. Jamais, sans doute, SCHUBERT n'aura été
aussi vrai et aussi grand que dans ce prodigieux quatuor.
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