Une Inde rêvée. Deux hommes jeunes : l'un Shridaman, le marchand qui a une tête noble et savante, mais un corps mou caché sous des vêtements amples ; l'autre, Nanda, le berger, qui a un visage commun, mais un corps superbe, frotté d'huile et paré de fleurs sauvages. Le premier s'éprend follement de Sita, une jeune femme aux " yeux de perdrix, aux couleurs splendides et aux flancs magnifiques ". Trop timide pour se déclarer, il envoie son double, aux biceps vigoureux, demander à sa place la main de l'aimée. L'ami fidèle s'acquitte de la tâche et les noces sont bientôt célébrées. Mais Sita aux belles hanches, dans la couche conjugale, ne cesse de rêver de l'homme de l'ombre qui a réveillé ses désirs pour la livrer à l'étreinte d'un mari trop délicat. Survient alors le hasard, évidemment suivi de ses facéties. Il prend les traits de Maya, la déesse de l'illusion, c'est-à-dire du désir. Après suicide et retour à la vie, entre Shridaman et Nanda il y aura échange par maladresse : la tête de l'un sur le corps de l'autre et réciproquement... Drame de Sita. Comment reconnaître le mari ? Est-ce le corps, est-ce la tête qui décide de l'être ? Sur le mode mineur, Les Têtes interverties jouent une variation burlesque des grands thèmes de Thomas Mann, comme une danse pieuse, morbide et comique.
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