Joseph
HAYDN
DEUX
SYMPHONIES
Symphonie
en ré majeur n°101 « L' Horloge »
Symphonie
en sol majeur n°94 « Surprise »
ORCHESTRE
SYMPHONIQUE DE PRAGUE
sous
la direction de
Martin
Turnovsky
HAYDN
n'est certainement pas le seul maître du 18° siècle dont la liste
des œuvres atteigne un chiffre étonnamment élevé et difficilement
compréhensible pour les auditeurs d'aujourd'hui. Ce fait constitue
sans doute encore une survivance de l'héritage de l'époque baroque
où les musiciens travaillaient généralement aux services de
seigneurs ecclésiastiques ou séculiers, faisant partie d'un
orchestre seigneurial ou étant attachés à une tribune d'église ;
dans les deux cas, il fallait préparer, pour chaque dimanche, pour
chaque fête et pour chaque occasion exceptionnelle, des compositions
nouvelles. Il s'y agissait donc, au fond, d'oeuvres de circonstance
et il est évident que, dans les conditions données, seuls les
compositeurs de très grand talent étaient en mesure de produire des
œuvres impeccables au point de vue technique et formel et dotées,
en plus, d'une profondeur de pensée et d'une véritable originalité
d'invention. Quoique Joseph HAYDN appartienne, sans conteste, au
nombre de ces personnalités exceptionnelles, il est certain que
beaucoup de symphonies qu'il composa pour l'orchestre du prince
ESTERHAZY dont il était le directeur – le nombre dépasse 90 ! -
contiennent des endroits qui n'offrent aucun intérêt spécial et ne
témoignent que d'une grande routine professionnelle du compositeur.
Sur le plan du contenu musical, la production symphonique ne
ressemblait pas non plus, à l'époque de HAYDN, à ce que n,ous
avons l'habitude de comprendre aujourd'hui sous ce terme, n'ayant
été, alors, qu'une sorte, un peu plus élevée, de musique
d'agrément. Ce ne fut qu'après 1790, lorsqu'il fut libéré des
fonctions à la cour du prince ESTERHAZY, que HAYDN réussit à
imprimer à ses œuvres symphoniques un caractère nouveau et à les
doter d'un contenu orienté, n'ayons pas peur de le dire, vers des
buts plus élevés. L'exemple de la grande oeuvre de MOZART, close, à
cette époque même, par la mort prématurée du maître, y joua
certainement un rôle décisif.
Quoiqu'il
en soit, les 12 dernières symphonies de HAYDN, composées pendant
son double séjour à Londres (en 1790-92 et en 1794-95) représentent
les sommets de la production symphonique et de la symphonie classique
en général.
La
Symphonie en sol majeur, N°94, a été exécutée pour la
première fois pendant le premier séjour de HAYDN à Londres. Son
premier mouvement, écrit en forme de sonate, est basé sur un thème
expressif, faisant fonction du thème principal, alors que le second
thème, assez indéterminé, reste plutôt à l'arrière-plan. Le
deuxième mouvement de la Symphonie est très connu. Le matériel
musical dont il se compose fut repris par HAYDN dans le grand air de
son oratorio bien connu « Les quatre saisons de l'année ».
Le simple thème de ce mouvement, composé de huit mesures et dont la
mélodie repose sur l'accord de quinte, est terminé par un accord
inattendu dont le « forte » est encore renforcé par un coup
de timbales. Cet effet, assez original à l'époque de HAYDN, valut à
la Symphonie le nom de « Symphonie du coup de timbales » ou
aussi celui de « La Surprise ». Dans la Symphonie N°101
(qui date du second séjour de HAYDN à Londres) le mouvement lent,
très beau et très expressif, écrit en forme de variations, nous
réserve également une surprise : avant de pouvoir goûter le charme
original de son thème, nous entendons, en effet, un rythme staccato
qui rappelle réellement le tic-tac d'une horloge. Le troisième
mouvement de chacune des deux symphonie est constitué par un menuet
traditionnel et le mouvement final couronne, dans les deux cas,
heureusement l'architecture des œuvres. Le finale de la Symphonie
N°94 adopte même de nouveau la forme sonate, et, dans les
variations ainsi que dans un épisode fugué du finale de la
Symphonie N°101, HAYDN parvient à un langage sérieux et lapidaire
qui fait déjà présager celui de BEETHOVEN.
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