dimanche 27 janvier 2013

130127 - LECTURE - Olivier ADAM - Les Lisières



      
     Bien qu'exclu de la sélection Goncourt, le dernier livre d'Olivier Adam est plébiscité par les libraires qui le placent en tête de leurs romans préférés de la rentrée. "Les lisières", qui a pour décor principal la banlieue parisienne, permet au narrateur -et à l'auteur- de règler son compte à deux France : celle du Front national et celle de Saint-Germain des Près.  


Le roman de la France périphérique

     Car Les lisières, livre fleuve de 450 pages, emporte le lecteur parce que l'auteur y règle ses comptes avec deux France qui s'ignorent et qu'il connaît l'une et l'autre : celle du Paris  mondain qui le rejette - ou qu'il rejette, multipliant les piques contre le microcosme littéraire parisien, et celle du Front national qui l'horrifie.
      Roman "social" dans le meilleur sens du terme,  le livre conte le retour en banlieue parisienne de l'écrivain Paul Steiner, héros du livre et double de l'auteur, venu aider sa mère hospitalisée et son père en détresse.

      Un voyage-réflexion sur l'inégalité des chances puisque le narrateur retrouve dans le quartier de sa jeunesse d'anciens camarades de classe. Les plus chanceux sont ceux qui ont un travail. Les plus nantis ont quitté la ville depuis longtemps, comme le narrateur. 


Le temps de l'imparfait, le ton de la colère
       Sur fond de campagne électorale présidentielle, Paul l'écrivain découvre les ravages des discours de "La Blonde" (Marine Le Pen). Jusqu'à son père qui qui lui envoie sans fard : "je vote pour qui je veux. Tes jugements d'intello bourgeois, tu peux les garder". 
      La xénophobie, Olivier Adam l'a toujours stigmatisée.  D'où vient l'impression qu'il a franchi ici un cap supplémentaire ? De ces morceaux entiers de colère pure, trop nombreux pour être cités, qui portent le livre ? 
      Ce flot de pensées, de discours, de souvenirs, aller-retour entre un présent douloureux (le héros est séparé de sa compagne et ses enfants lui manquent), un futur incertain, et un passé changeant, est bercé par l'imparfait. Le temps du remords et du souvenir .
      Dans ce grand roman de la bordure, de l'écart avec le centre, résonnent pleinement les divisions de la France d'aujourd'hui. Ni le grand public ni les libraires ne s'y sont trompés. Les jurés Goncourt prennent le risque de se couper d'une France qui peut être à la fois populaire et cultivée.
"Les lisières" Olivier Adam (Flammarion )

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