mardi 28 août 2012

120828 - LECTURE - Amin MAALOUF - Les Jardins de lumière


Lorsqu'on emploie les mots "manichéen" ou "manichéisme", on songe rarement à Mani, peintre, médecin et philosophe oriental du IIIe siècle, que les Chinois nommaient "le Bouddha de lumière" et les Egyptiens "l'apôtre de Jésus". Bien loin des jugements tranchés et sans appel auxquels on l'associe, sa philosophie tolérante et humaniste visa à concilier les religions de son temps. Elle lui valut les persécutions, le supplice, la haine. Mille ans après, l'accusation de manichéisme conduisait encore les Albigeois au bûcher...
 

Nul mieux que l'auteur de Léon l'Africain, de Samarcande (prix des Maisons de la Presse 1988), et du Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993), né dans un Liban déchiré par les fanatismes, ne pouvait raconter l'aventure de cette existence.

Les Jardins de Lumière par Amin Maalouf le Livre de Poche . Amin Maalouf a choisi de nous raconter la vie, l'oeuvre et le martyre de Mani ou Manès(216-277), prophète perse fondateur du manichéisme.
Né à Babylone, issu d'une famille qui appartenait à une secte baptiste judéo-chrétienne, Mani dès l'âge de quatre ans, fut élevé dans une morale rigoureuse basée sur l'abstinence et la chasteté.
Adulte, visité par un ange qu'il appelle le Jumeau, envoyé par Le Royaume de la Lumière, il gagne l'Inde, il prêche en Médie, en Perse et chez les Parthes. Tout en se disant apôtre du Christ, il reconnait comme prophètes Bouddha et Zoroastre.
Tout cela, Maalouf nous le conte à la manière des orientaux qui, avec des phrases simples, des mots colorés et qui chantent, ont su depuis des temps immémoriaux, captiver leurs auditeurs.
Ecoutons-le: C'est Mani qui prêche.......
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C'est pourquoi lorsqu'on lui offre de riches cadeaux, Mani les refuse avec ces mots :<>>
Encore Mani [i]:<< Je respecte toutes les croyances, et c'est bien cela mon crime aux yeux de tous. Les chrétiens n'écoutent pas le bien que je dis du Nazaréen, ils me reprochent de ne pas dire du mal des Juifs et du Zoroastre. Les mages ne m'entendent pas lorsque je fais l'éloge de leur prophète, ils veulent m'entendre maudire le Christ et le Bouddha. Car lorsqu'ils rassemblent le troupeau des fidèles, ce n'est pas autour de l'amour mais de la haine, c'est seulement face aux autres qu'is se retrouvent solidaires....Mon crime est de vouloir les consilier. Je le paierai. Car ils se réunissent pou me damner...>>........

Il le paya au prix fort: << Mani fut livré au supplice des fers. Une lourde chaîne scellée autour du cou, trois autres autour du buste, trois à chaque jambe, et trois encore à chaque bras. San autre violence ni sévisse ni cachot. Il était seulement retenu dans une cour dallée, près du poste de garde.
Sous le poids, la vie allait s'écouler goutte à goutte. Ordre avait été donné de le nourrir pour qu'il souffre plus longtemps......Au vingt-sixième matin, s'acheva le dernier acte de ce que l'on pourrait appeler sa passion ?...son supplice?...son martyre?....sa crucifiction?....Mani aurait simplement dit "son bannissement". C'était en l'an 584 des astronomes de Babel, le quatrième jour du mois d'Addar et pour l'ère chrétienne le 2 mars 274, un lundi.>>

Mani ou Manès est devenu au fil des siècles , pour les religions dominantes du monde, le démon menteur, le récipient gorgé de Mal, le maniaque, le responsable d'un perfide enchantement et son message, l'ignoble superstition, la pestilentielle hérésie.
Lui qui fut l'apôtre de Jésus en Egypte et le Bouddha de Lumière en Chine !
Lui qui, parlant de Dénagt sa compagne et adepte disait: "Ses habits dessinent le contours de mon Royaume vagabond" C’est peut-être le livre le plus poignant de tous ceux que j’ai lus de Maalouf.
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