mercredi 20 juillet 2011

110720 - FILM TV - OLD JOY (Suite)

LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 2011-07-16

Genre : rando et folk.

Besoin d'air ? Goûtez à ce retour aux sources, dans les montagnes de l'Oregon. Mark reçoit un appel d'un vieil ami, Kurt, qui lui propose une virée le temps du week-end. Ces deux-là ont jadis appartenu à un genre de communauté. On devine que l'un s'est rangé, que l'autre galère un peu. Le temps a fané les utopies, a peut-être aussi creusé des différences entre les deux. Mais après plusieurs kilomètres et un petit joint, les deux compagnons ont déjà l'esprit ailleurs. La caméra est le troisième ami - elle rend familiers ces deux types qui aiment autant le silence que la conversation. Bon feeling, nulle fausse note.

Le plus, c'est la présence de Will Oldham dans le rôle de Kurt - un cadeau du ciel pour les admirateurs de ce songwriter au chant poitrinaire. Barbe d'homme des bois et short limé, il est parfait en marginal un peu loser, capable d'échafauder des théories fumeuses, mais aussi de toucher droit au coeur lorsqu'il murmure : « La tristesse n'est qu'une joie passée. » Mark est là pour écouter. Et entendre la fragilité de son copain. C'est tout, c'est simple comme une histoire d'amitié pudique, masculine, mais pas du tout virile. Au contraire, tout s'accomplit ici en douceur, fût-elle teintée de nostalgie. Enfin, après les efforts de marche, il y a la récompense : lorsque, sous les arbres, les deux hommes prennent un bain d'eau chaude. Mark, détendu, est aux anges. Il peut remercier Kurt, ce vagabond céleste qui a trouvé « le lieu et la formule ».


LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 2007-07-25 2

Marre de la pollution, besoin impérieux de vous ressourcer ? Pensez à Old Joy, vous ne serez pas déçu du voyage. Le retour aux sources, au sens littéral et figuré, a lieu là-haut, vers les montagnes de l’Oregon, au nord-ouest des Etats-Unis. Mark, bientôt papa, reçoit un appel d’un vieil ami, Kurt, qui lui propose une virée le temps du week-end. Les deux ne se sont pas vus depuis un moment. Mark s’assure auprès de sa compagne enceinte qu’il peut la laisser seule, elle se moque de son zèle. Elle a senti que son homme, tendu, a besoin de souffler. Tout cela est distillé au présent, par petites touches discrètes. Kelly Reichardt, réalisatrice américaine jusque-là inconnue en France, n’indique pas depuis quand Kurt et Mark se connaissent ni ce qu’ils ont vécu ensemble. On devinera plus tard à quelques allusions dans leur conversation qu’ils ont naguère appartenu à un genre de communauté, politique ou artistique, que l’un s’est rangé, et que l’autre galère un peu. Du temps a passé, a fané les utopies et a peut-être aussi creusé des différences entre les deux. Mais l’important, c’est de profiter, de savourer l’instant. La route, large et sinueuse, les attend. Après plusieurs kilomètres et un petit joint, les deux compagnons ont déjà l’esprit ailleurs. La caméra dans la voiture est le troisième ami. D’emblée, elle nous rend familiers ces deux types qui aiment autant le silence que la conversation. Bon feeling et pas de fausse note dans cette ballade élégiaque, parfois accompagnée par les arpèges de Yo La Tengo, mais empreinte plus largement de tout un imaginaire musical américain, celui traditionnel de la country et du folk. Le plus, c’est la présence de Will Oldham dans le rôle de Kurt – un cadeau du ciel pour les admirateurs de ce chanteur poitrinaire, songwriter incandescent aux multiples pseudos (Bonnie Prince Billy...) – qui revient là à son premier métier de comédien. Barbe d’homme des bois et short limé, il est parfait en marginal un peu loser, mi-beatnik mi-bobo, capable d’échafauder des théories fumeuses, mais aussi de toucher droit au cœur lorsqu’il murmure : « La tristesse n’est qu’une joie passée. » Mark est là pour écouter. Et entendre la fragilité de son copain. C’est tout, c’est simple comme une histoire d’amitié pudique, masculine mais pas du tout virile. Au contraire, tout s’accomplit ici en douceur, tout tend vers une forme de sérénité, fût-ce teintée de nostalgie. Le film dure le temps précieux d’une de ces nouvelles intimistes à la James Salter et offre une belle récompense après les efforts de marche. Sous les arbres, en pleine nature, les deux hommes prennent un bain d’eau chaude. Mark, détendu, rajeuni, est aux anges. Il peut remercier Kurt, ce clochard céleste qui, pour rependre le mot de Rimbaud, connaît le lieu et la formule. Jacques Morice

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