Hector
BERLIOZ
SYMPHONIE
FANTASTIQUE
opus
14
«
Episode de la vie d'un artiste »
ORCHESTRE
NATIONAL DE L'OPERA DE
MONTE
CARLO
sous
la direction de
Louis
Frémaux
Si
la date de 1830 évoque bien une révolution, c'est à celle de
juillet qu'on pense d'abord, où tomba une couronne. Paris connut
pourtant cette année-là, encadrant les Trois Glorieuses, deux
révolutions qui firent basculer un autre trône : celui de
l'académisme classique. Le 25 février 1830, c'est la bataille
d'Hernani, triomphal coup de trompette du romantisme littéraire. Et
le 5 décembre 1830, c'est la première audition de la Symphonie
Fantastique, irruption éclatante du romantisme dans le domaine
musical.
C'est
bien la même révolution, en effet, dont HUGO et BERLIOZ sont les
hérauts : celle du romantisme. Avec eux, les passions de l'artiste
prennent possession de l'espace, triomphant du public par sa stupeur
même. Il faudra quatre tentatives à HUGO pour entrer à l'Académie
Française et autant à BERLIOZ pour obtenir le Prix de Rome. Mais il
ne leur faudra qu'une bataille, en 1830, pour imposer leur génie.
Si
éclatant fut le triomphe de BERLIOZ que, depuis lors, tous les
conformismes s'efforcent de le minimiser. Au pont que la Symphonie
Fantastique, pour célèbre qu'elle soit, n'est pas toujours
considérée comme ce qu'elle est : un des sommets de la musique.
Certes, la puissance sonore de l'oeuvre a pu tromper certains : ils
ont été assoudis par les canons que les caricaturistes allemands
mettaient dans l'orchestre de BERLIOZ, ils ont été obsédés par la
fameuse idée fixe qui n'est, ici, que prétexte aux exubérances du
rêve. Ils n'ont pas saisi l'essentiel, qu'a si bien noté F.
GOLDBECK : « le secret de BERLIOZ orchestrateur, c'est qu'il traite
la couleur instrumentale comme BACH traite le dessin instrumental,
c'est-à-dire comme l'essentiel et l'organique de la musique ». Et
c'est seulement quand on a perçu cela qu'on a compris, aussi, que la
Symphonie Fantastique n'est pas tant une révolution qu'un jalon dans
une évolution, mais un jalon majeur dans la polyphonie de son
immense clameur libératrice.
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