vendredi 29 mars 2013

130329 - TRAJET - AR GENEVE

LECTURE - GEOHISTOIRE - PARIS




PANORAMA
Ca, c'est Paris !
Au tournant des XIX° ET XX° siècles,
la ville devient un exemple de
modernité urbaine. Elle fait la fierté
de ses habitants., mais elle boule-
verse aussi leur quotidien. Des
clichés témoignent de cette époque.

  L'ENTRETIEN
"Les vrais Parisiens
détestent parfois leur ville."
C'est en lisant Baudelaire et 
Proust que Graham Robb, historien
britannique, a découvert Paris à
l'adolescence. Depuis, il ne cesse de suivre
  avec tendresse son évolution.  

LES ORIGINES
Lutèce, cité modèle.
Après avoir combattu les Parisii,
les Romains les assimilèrent. Pour
cela, ils leur bâtirent une ville
au I° siècle, avec un amphithéâtre,
des thermes et tout ce que
l'Empire avait de plus fastueux.   

Geneviève, bonne fée de Paris
Cette fervente chrétienne
protégea la ville contre Attila
et ses Huns au siècle. Et
même après sa mort, les Parisiens
invoquèrent sa protection.

LE MOYEN AGE
L'héritage des Capétiens
Du XI° au XIV° siècle, les rois de
France vont transformer cette
petite cité médiévale en une
métropole européenne majeure.  

LES MARGINAUX
La cité interdite
Raser la cour des miracles :
c'est l'ordre que Louis XIV confie
à sa police en 1667. Mais ce
quartier, près des Halles, compte
30 000 voleurs et mendiants. 

 L'URBANISME
Le miroir des princes.
A partir de François Ier, mais
surtout d'Henri IV, apparaissent
les premiers projets architectu-
raux. Dès lors, Paris sera sans
cesse redessiné par des souve-
rains cherchant à laisser leur
empreinte glorieuse sur la ville.

LES REVOLUTIONS
La barricade, spécialité parisienne.
Inventée au XVI° siècle dans la 
capitale, elle y réapparaît en 1827,
puis au XIX° siècle. Elle est, dans le
paysage urbain, comme le symbole
même de la révolte du peuple. 

 LES CARRIERES
L'homme qui retint Paris
au bord du gouffre.
En 1977, Charles-Axel Gyuillaumot
reçut la mission de consolider le 
sous-sol parisien qui menaçait de
s'effondrer. Un chantier titanesque.

  DEPLIANT
Recto : Paris au Moyen-Age
cette carte réalisée sous Henri II
montre la ville telle qu'elle existait
il y a quatre siècle et demi.
Verso : le roman des rues de Paris
Les noms de certaines avenues,
boulevards et voies de la capitale
cachent de drôles d'histoires.

 LA FETE
Les années champagne  
A partir de 1920, Paris oublie
la guerre en s'étourdissant de
jazz, de fox-trot, de créations
artistiques et de jolies femmes. 

 LE VIEUX PARIS
Les fantômes de Paname.
Les alais, les théâtres, les églises
que nous admirons ont pris la place
d'autres édifices, aujourd'hui dé-
truits. Visite dans ce Paris disparu.

LES UTOPIES
Les projets fous auxquels
la capitale a échappé.
De tout temps, Paris a fait réver
les architectes, mais ils n'étaient
pas toujours très inspirés.

POUR EN SAVOIR PLUS
Un livre de souvenirs d'Edgar
Morin, des essais, des beaux
livres et un documentaire
sur le Paris des années 1920.

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ANNIVERSAIRE
Le jour où Staline est mort.
Le 9 mars 1953, ses funérailles
furent celles d'un demi-dieu. Et
les communistes du monde entier
le pleurèrent comme un père.

 DOCUMENT
Quand la Camargue
était vietnamienne
A partir de 1941, le régime de Vichy
envoya des milliers d'indochinois
en Camargue pour développer
une nouvelle culture : le riz.  

 A LIRE, A VOIR
Un livre sur les débuts de
 la mondialisation en 1493,
 un documentaire sur la genèse
de l'emprine chinois, etc.

 

130329 - LECTURE - Denis LACHAUD - Prenez l'avion



 

Prenez l'avion

 

Denis LACHAUD

 

L’avion vient de tomber. Tout n’est plus que débris et silence.
 
Un homme sort de la carlingue éventrée, aperçoit Lindsay qui, comme lui, semble avoir survécu, et s’empresse de lui porter secours.
 
Lentement ces deux êtres s’enfoncent dans la forêt, se soutiennent, tentent d’éloigner cet enfer qui ne les quittera plus.
 
Après de longues heures de marche les secours arrivent enfin, épuisé l’homme perd connaissance en laissant Lindsay face au présent d’une vie à jamais modi fi ée. Mais la peur partagée est un lien singulier, une dépendance qui vous attache à l’autre sans la moindre mise en scène, le moindre échange, sans la moindre séduction préalable. Et si Lindsay joue la comédie depuis de nombreuses années sur les scènes londoniennes, si sa quarantaine l’autorise parfois à entrevoir les arcanes du désir, le destin cette fois a placé sous ses pieds un drôle d’échiquier sans masque ni parade et sans texte étudié.
 
Prendre le train, traverser la Manche, rejoindre l’homme de la forêt, cet étranger intime, celui qui saura comprendre l’enjeu de cette chance ultime : avoir survécu. Tel est le projet de Lindsay.
 
Un roman dans lequel la peur est soudain dans l’oeil du cyclone puis de nouveau s’apprivoise à travers le regard d’un personnage haut en couleur, tendre et excessif comme un enfant ayant perçu le sens de la vie et l’espoir de grandir. Denis Lachaud écrit pour le théâtre et le cinéma. Il est auteur associé au Centre dramatique national d’Orléans/ Loiret/Centre. Prenez l’avion est son cinquième roman.

130329 - LECTURE - RIMBAUD - OEUVRES COMPLETES




VERS LATINS
Ver erat ...
Jamque novus ...
Jugurtha

LES ETRENNES DES ORPHELINS

INVOCATION A VENUS

PROSE ET VERS LATINS
Olim inflatus ...
Tempys erat ...
Verba Apollonii de Marco Cicerone

 

130329 - LECTURE - RIMBAUD - Oeuvres (1868-1871)




 

Arthur Rimbaud

Œuvres complètes

Nouvelle édition
Éditeur : Aurélia Cervoni, André Guyaux Parution le 19 Février 2009
Bibliothèque de la Pléiade, n° 68
Achevé d'imprimer le 26 Janvier 2009
1152 pages, rel. Peau, 105 x 170 mm 




Ce volume contient



Œuvres et lettres (1868-1875) : Œuvres en prose et en vers (1868-1873) - Une Saison en enfer - Illuminations - Lettres de Rimbaud et de quelques correspondants (1870-1875). Vie et documents (1854-1891) 

Faire d'une «œuvre petite et fermée comme un poing» (Pierre Michon dixit) quelque chose qui ressemble à un livre : délicate entreprise. Car il faut aussi que le livre ressemble à l'œuvre et ne tire pas sa forme de vieilles routines. Rimbaud a fait imprimer Une saison en enfer et à peu près rien d'autre. L'invention éditoriale est donc permise. Subdivisions, périodisations, classifications et déclassements ont parfois fait de l'éditeur un biographe déguisé ou un commissaire-priseur. Or, s'il s'est lui-même essayé à des regroupements, Rimbaud n'a jamais fini le travail. L'achever pour lui – distribuer ses œuvres dans des cases entérinées par l'usage ou imaginées pour l'occasion –, c'est plaquer des catégories posthumes sur une énigme vivante.
 

Sous l'intitulé Œuvres et lettres – mais À la recherche d'une voix aurait été un titre acceptable –, cette édition présente l'œuvre (en prose et en vers) dans sa continuité (et ses ruptures), selon une chronologie avérée ou conjecturale. De chaque poème on offre, successivement, les différentes versions connues, y compris celles que Rimbaud a insérées dans ses lettres. La typographie varie selon qu'on donne à lire un manuscrit autographe ou une copie, voire une publication non autorisée par l'auteur. Puis viennent les lettres écrites par Rimbaud entre 1870 et 1875 (dont les lettres du «voyant», bien sûr), avec à nouveau, le cas échéant, les poèmes qui y sont inclus et qui peuvent donc être lus, cette fois, dans leur contexte.
 

Tout ce qui suit est hors d'œuvre. Sous l'intitulé Vie et documents paraît la «Chronologie», qui est habituellement placée en tête des volumes de la Pléiade. On y glisse, à leur date, les lettres écrites par Rimbaud de 1878 («J'arrive ce matin à Gênes...») à sa mort. On propose en outre un choix de documents ; ils ne dissipent pas le mystère, tout au plus en dessinent-ils les contours. Mais qu'y a-t-il de plus énigmatique chez Rimbaud? Son silence? ou bien plutôt sa voix?

mercredi 27 mars 2013

130327 - ECOUTE - SCHUBERT - Le Voyage d'Hiver


SCHUBERT

 



LE VOYAGE D'HIVER

24 lieder sur des poèmes de Wilhelm Müller
 



01 – Gute Nacht

02 – Die Wetterhahne

03 – Gefrorene Tränen

04 - Erstarrung

05 – Der Lindenbaum

06 - Wasserflut

07 – Auf dem Flusse

08 - Rückblick

09 - Irrlicht

10 - Rast

11 - Frühlingstraum

12 - Eisamkeit

13 – Die Post

14 – Der greise Kopf

15 – Die Krähe

16 – Letztz Hoffnung

17 – Im Dorfe

18 – Der stürmische Morgen

19 - Tâuschung

20 – Der Wegwaiser

21 - Das Wirtshaus

22 - Mut

23 – Die Nebensonnen

24 - Der Leiermann

 



Dietrich Fischer-Dieskau, baryton

Gérald Moore, piano
 



Enregistré le 4 juillet 1955 à Prades


     En 1823, les vingt lieder de La Belle Meunière conduisaient à la noyade du jeune meunier. Mort symbolique peut-être, car Le Voyage d'Hiver, quatre ans plus tard, s'ouvre sur Gute Nacht : "Bonne nuit", mots chantés par le ruisseau à la fin du cycle précédent. SCHUBERT s'y prend en deux temps : la première moitié entre février et le printemps 1827; la seconde à l'automne, après la découverte de nouveaux poèmes de Wilhelm MÜLLER. Depuis La Belle Meunière, le ton a changé, pour creuser les abîmes du désespoir et de la solitude au fil d'une errance sans fin :"Et moi, je marche sans mesure; sans repos, je cherche le repos" (N°20). Inutile alors de consulter le poteau indicateur(N°20) et d'invoquer le courage (N°22). Les paysages glacés reflètent les émotions du narrateur et intensifient sa douleur : "Mon cœur, en ce ruisseau, reconnais-tu à présent ton )mage?" (N°07). Quand la nature s'anime, les rafales du vent fouettent le Wanderer (N°02,05,16 et 18). La neige pique la peau comme les larmes (N°03,04,06 et 08) : "Le sol est brûlant sous mes semelles, bien que je marche sur la glace et la neige" (N°08).
 
           La conception dramatique a également évolué. Il s'agit moins d'une narration, au sens habituel du terme, que d'une succession d'états d'âme. L'unité du cycle réside dans la récurrence des images poétiques et de certains gestes musicaux : écriture dépouillée traduisant le vide intérieur du personnage ; brefs motifs obsédants comme le souvenir de la bien-aimée ; harmonie qui s'éclaire fugitivement et rend plus déchirant le retour au mode mineur (seize des vingt-quatre lieder sont en mineur !) ; scansion de marche funèbre (N°01,03,07,10,12,15 et 20) s'immobilisant dans un tempo étiré (N°21) ; sèches ponctuations du piano (N°03,07 et 16). Quelques échos de musique populaire renvoient au bonheur perdu (N°05 et 13) ou signalent un rêve éveillé (N°11). Le Voyage d'Hiver est d'ailleurs jalonné d'illusions que dissipe vite la cruelle réalité (N°09,11,19 et 23). La trajectoire se dessine imperceptiblement.
 
           Les irruptions de violence, d'autant plus saisissantes qu'elles restent brèves, sont plus fréquentes dans la première partie. Solitaire jusqu'au N°12, le Wanderer croise une sinistre corneille (N°15), des chiens hostiles (N°17) puis un pauvre joueur de vielle, sa propre image (N°24) : "Etrange vieillard, m'en irai-je avec toi ? Veux-tu bien accompagner mes chants au son de ta vielle ?" En 1828, SCHUBERT rencontrera à nouveau son double chez HEINE (Der Doppelgänger) et poursuivra son voyage. Ses derniers chefs-d'oeuvre (sonates pour piano, quintette à deux violoncelles, Le Chant du cygne) explorent des gouffres insondables mais scellent aussi la réconciliation avec l'Ame du monde (Weltseele).
 
Hélène Cao.
 
 











 










130327 - TRAVAIL - EPAGNY

130326 - TRAJET - LE POIRE SUR VIE - CRANVES SALES


- Départ du POIRE SUR VIE vers 7 h 45

- Passage au large de LA ROCHE-SUR-YON, FONTENAY LE COMTE, NIORT, POITIERS, GUERET, MONTLUCON

- Arrêt pause déjeuner vers 13 h 15 à GOUZON (23) 






- Passage à CULAN








- Arrêt à SAINT-CHRISTOPHE-LE-CHAUDRY vers 16 h 00

- Passage au large de MOULINS, MACON, BOURG-EN-BRESSE, BELLEGARDE

- Arrivée à CRANVES SALES vers 20 h 00

130325 - RESTAURANT - LES SABLES D'OLONNE



130324 - TRAJET LES HERBIERS - LE POIRE SUR VIE

130323 - LES HERBIERS ET MOUCHAMPS- MARIAGE PATRICIA ET MICKAEL

jeudi 21 mars 2013

130319 - TOURISME - ANGERS - MUSEE JEAN LURCAT

L'Hôpital Saint-Jean, remarquable ensemble architectural du 12e siècle, abrite depuis 1967, le Chant du Monde de Jean Lurçat (1957-1966), manifeste d'un artiste engagé. L'ancien orphelinat (17e siècle) présente le fond constitué principalement des donations Lurçat, Thomas Gleb et Josep Grau-Garriga.



L'hôpital Saint Jean


Edifice majeur de l'art gothique de l'ouest de la France, l'hôpital Saint Jean est l'un des derniers exemples remarquablement conservé des grands ensembles hospitaliers créés au 12e siècle ; Il compte aujourd'hui parmi les monuments exceptionnels du patrimoine angevin.
 
Le pignon est flanqué de larges contreforts plats qui rythment la façade. Les matériaux de construction sont caractéristiques de la région : schiste pour les soubassements et tuffeau appareillé en élévation. Devant la porte une galerie couverte a été ajoutée au 17e siècle. L'entrée actuelle donne directement accès à la salle des malades du 12e siècle.

La finesse et l'élégance de l'intérieur contrastent avec la force et la sévérité de la façade.
 
Vaste halle de 60 mètres de long sur 22,50 mètres de large, la salle des malades est divisée en trois nefs égales. Les ogives, pénétrantes, soutiennent les voûtes fortement bombées. Ces voûtes particulières aux pays de la Loire font l'originalité du gothique angevin dit aussi gothique Plantagenêt. Une apothicairie du 17e/18e siècle présente un ensemble remarquable de céramiques de cette époque, ainsi qu'un exceptionnel pot à thériaque en étain réalisé par un maître angevin.
 
L'hôpital Saint Jean comprend, aujourd'hui, une grande salle des malades, un cloître, et une chapelle attenants, un grenier et ses caves un peu plus haut sur la butte.
 
Les espaces muséaux ouverts au public sont la grande salle et le cloître. Les caves et les greniers sont utilisés pour des réceptions.

Le cloître attenant date, comme la grande salle des malades, des années 1180, seule l'aile sud est du 16e siècle. La chapelle (qui ne se visite pas) est du 13e siècle.

L'ancien orphelinat

L'ancien orphelinat date du 17e siècle, il a été rénové en 1986 pour créer une extension au musée Jean-Lurçat. Seule la façade a conservé ses dispositions architecturales initiales, les pièces intérieures de l'édifice ont été modernisées et ne laissent pas apparaître leurs anciennes fonctions.

Il abrite depuis 1967, dans l'ancienne salle des malades le Chant du Monde de Jean Lurçat (1957-1966). Le Chant du Monde, la merveilleuse suite de tapisseries réalisée par Jean Lurçat entre 1957 et 1965, a été exposé en 1999 dans la ville d’Hiroshima au Japon. Un symbole pour cette oeuvre, Apocalypse des temps modernes, qui, tout au long des 10 éléments tissés qui la constitue, dénonce les dangers encourus face à la grande menace de la guerre nucléaire, et célèbre l’Homme en gloire dans la Paix.
 
Le Chant du Monde
Un matin de 1956, Jean Lurçat, comme il le racontera plus tard à Claude Faux*, reçoit la visite de Jean Cassagnade qui lui donnait quelques conseils de jardinage. Celui-ci venait de lire une préface écrite par Lurçat pour L’Apocalypse d’Angers. Le paysan “rouge” met alors Lurçat face à ce qui restera son plus grand défi : “Cette tapisserie du Moyen-Âge est un témoignage de son époque ; alors pourquoi ne pas faire une Apocalypse des temps présents ?... et si L’Apocalypse d’Angers fait 750 mètres carrés, il nous faut au moins en faire 1.000.”

Lurçat se laisse séduire, et un premier titre surgit : La Joie de Vivre...

Mais la menace des conflits et de la bombe le pousse à ne pas seulement traduire les espoirs, mais aussi les menaces qui pèsent sur l’homme et la création, il pense alors à composer son oeuvre en présentant d’abord la Menace, pour ensuite s’élever vers le bonheur de vivre. Le titre finalement adopté sera Le Chant du Monde”.

En 1957, Lurçat commence l’exécution de la première tenture du Chant du Monde ; cette série est tissée, à son compte, dans les ateliers d’Aubusson. Trois cartons sont réalisés cette même année.

Quand il en débute la réalisation, Jean Lurçat ne tarde pas à se convaincre que "la vie, pour qui tente de vivre droit, est chose sucrée et salée, douce et amère, convulsive et sereine.”  

Ainsi, les quatre premières tentures de la série représentent le danger encouru par les hommes à cause de la bombe atomique : 






“La grande menace” (1957)


    La "grande menace", c'est le danger nucléaire incarné par un aigle déployant ses ailes au-dessus de la Terre. Celui-ci lâche une bombe atomique sur notre planète, symbolisé par un cercle sur lequel on peut reconnaître de grandes capitales (clochers à bulbe de Moscou, Tour Eiffel de Paris, gratte-ciels de New-York, pyramides du Caire, pagode de Pékin, temple antique d'Athènes ou Rome). A travers les flammes d'une explosion, on peut lire "HIROSHIMA". Sous la Terre, un volcan est ne éruption. Jean Lurçat matérialise ici l'idée que "le monde vit sur un volcan".
     A droite, un homme au gouvernail d'un bateau s'éloigne de la menace en emportant diverses espèces animales. La plupart sont en grisaille. Elles sont contaminées par le buffle qui répand des flammes, symboles des retombées atomiques.
     Cependant, une note d'espoir se dessine. Trois animaux se distinguent et semblent veiller au des tin de l'homme et de son embarcation : le chien, la chouette et le coq, symboles respectifs de loyauté, de sagesse et d'espoir. A l'avant du bateau, un cep de vigne prend pied et semble indiquer que la vie renaît.
      Avec ce navire recueillant les diverses espèces de la création, Lurçat recourt ici à une référence biblique, l'épisode du Déluge et de l'arche de Noé dans la Genèse. Imprégné de la culture judéo-chrétienne, il s'en inspire dans sa création. On découvre également ici la richgesse de son bestiaire.



"L’homme d’Hiroshima" (1957)

     Cette pièce fait directement référence au bombardement d'Hiroshima, au Japon. Le 6 août 1945, les Américains y lancèrent la première bombe atomique qui fit près de 140 000 victimes et engendra d'innombrables effets dévastateurs à retardement.
     La silhouette de l'homme en désintégration se détache sur un aplat vert, prenant la forme du "champignon atomique". L'homme est détruit physiquement et moralement, comme le prouvent les flammes qui s'échappent de son crâne
     De part et d'autre de ce corps, quatre objets symboliques sont brisés, pulvérisés. La croix évoque la notion de croyance. La faucille renvoie aussi bien au labeur qu'à l'idéologie. Les gants blancs seraient un symbole des codes policés de notre civilisation occidentale. Enfin, le livre matérialise l'idée de savoir.
     Lurçat montre ainsi que la bombe atomique a profondément remis en question de nombreux fondements de la société occidentale.
 




"Le grand charnier" (1959)


     Un bouc au galop domine la composition du Grand Charnier. Symbole de malédiction au Moyen-Age, cet animal était souvent associé au diable. Ici, il semble indique son mouvement aux squelettes et dépouilles d'hommes, d'animaux et végétaux, répartis en une ronde évoquant une danse macabre.
     Dans la partie inférieure, des ossements et le tronc d'un homme en décomposition s'entremêlent aux barreaux d'une échelle brisée. Juste au-dessus, on distingue un corps allongé et écorché, parsemé de squelettes d'oiseaux et de feuillages atrophiés.
     Au centre, la bombe nucléaire diffuse ses ondes destructrices. Leur vigueur est renforcée par des couleurs à dominante rouge et verte. A l'opposé, les créatures consumées par le mal sont traitées en grisailel.
     cette tapisserie évoque de façon très imagée l'horreur de la guerre. Jean Lurçay a en effet côtoyé la mort dans les tranchées de la première guerre mondiale, près de Verdun. Le titre de l'oeuvre est d'ailleurs une référence explicite à cette période. 
 




“La fin de tout” (1959)


     Le "néant", le retour au vide découle de l'explosion nucléaire. Lurçat a choisi de consteller de fond noir de petites taches blanches, résidus de poussière atomique, "germes de mort". A gauche, on discerne une dernière explosion; à droite, une plante meurt sur une forme en fusion qui rappelle le volcan de La grande Menace.
     A l'origine, Lurçat souhaitait réaliser une tapisserie entièrement noire et plus longue pour rendre cet état de néant insupportable et mettre ainsi le spectateur à l'épreuve; Mais il a préféré introduire une dimension narrative et asseoir sa composition en disposant des éléments graphiques et coloré : la "plante brisée", les "flocons blancs", l'explosion et la matière en fusion, rouge vif.


Apocalypse de l'âge atomique

“J’ai commencé par la bombe atomique, parce que le danger atomique c’est la base, c’est à partir de lui que notre monde s'organise et se définit. La Grande Menace, c'est la bombe. Sur ma tapisserie, on la voit, à gauche. Elle est lançée par une espèce d'aigle, un animal-vautour qui tombe sur notre planète comme sur une proie. J'ai symbolisé le monde par cette masse ronde sur laquelle on distingue les silhouettes des grandes capitales humaines... Il y a la Tour Eiffel - c'est à dire Paris - il y a les pyramides, des gratte-ciel, des pagodes, etc... Tout cela c'est notre univers. Et en-dessous du globe terrestre, on peut voir une forme conique, une sorte de Vésuve couronné de fumée : c'est la transposition littérale, en somme, de l'expression familière : “Le monde vit sur un volcan...".

 Cependant, il y a eu Hiroshima... La folie s'est déjà manifestée à deux reprises... Hiroshima, Nagasaki...

 L'homme d'Hiroshima a été brûlé, dépouillé, vidé par la bombe... Mais avec lui, ce sont toutes nos raisons de vivre qui ont été saccagées. La bombe n'épargne aucune idéologie, aucun système... Elle anéantit toutes les pensées de l'homme, tout le patrimoine culturel commun... A nouveau, les bibliothèques d'Alexandrie flambent et s'anéantissent... Mais cette fois-ci, c'est un enlisement général..."
 
Eluard a écrit un jour: “...Je veux savoir d'où je pars pour conserver tant d'espoir...” Eh bien ! c'est ça... Nous partons d'ici. Nous partons de cette horrible menace. Seulement, tout de même, si cette bon dieu de bombe tombait, le monde paierait un tribut épouvantable. On reculerait de plusieurs milliers d'années... Il faut que les gens le sachent...”
 
Si les premières tentures sont difficilement soutenables, les suivantes célèbrent la vie en un hymne, un message d’espoir pour l’avenir. "Après l'horreur, j'ai voulu décrire l'homme en accord avec le monde, l'homme et nos raisons de vivre".

L’Homme en gloire dans la Paixet L’eau et le feu furent réalisées en 1958.




 "L’Homme en gloire dans la Paix" (1958)
   
     La plus grande tapisserie du Chant du Monde est consacrée à la renaissance du vivant, le retour à la vie après les désastres. Par sa composition, elle se rapproche de la première tapisserie (le globe à gauche, l'homme et la création à droite). Mais le globe évoque ici la nature, plus que la civilisation.
     A l'intérieur, de petites flammes bleues, source de chaleur, prouvent que la vie renaît. Et, à son contact, des végétaux s'apanouissent. Leur couleur "jaune doré" évoque le soleil, astre de vie; L'aigle menaçant a laissé place à la colombe bienveillante.
     A droite, recouvert de feuillages de d'étoiles, l'homme, nu, semble prendre racine au coeur d'une planète. Sur sa tête, une chouette incarne la sagesse; sur sa poitrine, la colombe symbolise la paix; Une salamandre, réputée pouvoir traverser les flammes, témoigne de la chaleur qui se répand dans son corps.
     Lurçat propose une vision harmonieuse et pacifique de l'univers. L'Homme ne fait plus qu'un avec le monde végétal, animal et minéral; il se régénère.  




 "L’'Eau et le Feu" (1958)

      L'univers se réorganise. L'homme, de concert avec les éléments naturels, participe à la bonne marche du cosmos.
     On retrouve ici les éléments récurrents du vocabulaire graphique de Lurçat : le globe terrestre, qui semble naître de la réunion de l'eau et du feu, éléments aux forces opposées mais nécessaire à la vie ; le bestiaire, à la dimension symbolique associant le poisson à l'eau, la salamandre au feu, la tortue à la longévité, le serpent enroulé à l'infini ; enfin l'homme, qui à la fois domine et s'inscrit dans le globe terrestre;
     Lurçat insère une allusion à l'actualité scientifique de son temps : en haut à gauche, on peut reconnaître "Spoutnik", le premier satellite soviétique, lancé dans l'espace en 1957. En revanche, en haut à droite, il offre un détail totalement imaginaire et poétique : une lune, dessinée sous la forme d'un visage, de façon fantaisiste. 
 


Se succéderont Le grand Charnier et "Champagne en 1959, La conquête de l’Espace en 1960, La Poésie en 1961. La dixième et dernière tenture, composée en 1965, Ornementos Sagrados, ne sera terminée qu’après la mort de l’artiste, en 1966. 





"Champagne" (1959)

     Le mouvement ascensionnel et diagonal de la composition évoque l'envol, l'euphorie, le jaillissement de la vie.
          Le bleu très lumineux, le thème de la vigne, le champagne coulant à flots, les iris, la multiplication de petits éléments aériens -papillons, fleurs, bulles- contribuent à cette impression générale de gaieté et de légèreté.
          En bas à droite, un crâne renversé contient des fleurs; Ce motif est peut-être une allusion aux Vanités du 17° siècle, tableau rappelant le caractère éphémère de la vie grâce à la représentation réaliste de cranes, sabliers, insectes, fleurs fanées ...
          Cependant Lurçat, en disposant cet élément en périphérie de sa composition, invite à penser qu'il faut profiter pleinement de la vie et de ses plaisirs. La joie domine ici.   




                       "Conquête de l'espace" (1960)

      L'exploration de l'espace a commencé en 1957, trois ans seulement avant la composition de cette pièce. Lurçat a souhaité évoquer ici l'une des grandes prouesses technologiques accomplies par l'homme au 20° siècle.
      A gauche, un fragment du globe terrestre est représenté en coupe. A l'intérieur, diverses espèces animales sont disposées sur un fond de bandes colorées.
      Entre l'homme et la femme, apparaissent la chouette et le taureau, respectivement symbole de sagesse et de courage. Sur la croûte terrestre poussent des végétaux.
     Le sagittaire semble percer l'atmosphère, matérialisée par des flèches blanches et rouges évoquant les échanges gazeux. Lurçat aime particulièrement l'archer qui "tape dans le mille".  La figure du sagittaire incarne pour lui à la fois le poète et le créateur.
     A droite, l'espace sidéral est représenté de manière poétique et imaginaire, même si la planète Saturne et la Lune sont aisément identifiables.
 


"La Poésie" (1961)

     Jean Lurçat met à nouveau en scène le Sagittaire, qui symbolise le poète, celui qui vise juste avec les flèches de ses mots. La représentation de ce personnage monumental, sous une sorte d'arc, dans le premier quart de la composition, ainsi que le compartimentage de l'espace, s'inspirent de la composition de la tenture médiévale de l'Apocalypse.
     Les signes du Zodiaque, à travers les constellations, évoquent le cosmos mais aussi la dimension temporelle, puisque les différents signes correspondent aux différents mois de l'année. Lurçat a ajouté des chaînes entre ces éléments pour montrer que les divers composants du cosmos forment un tout.



 "Ornamentos Sagrados" (1966)

     Cette tapisserie demeure la plus énigmatique puisque Jean Lurçat, décédé en janvier 1966, ne l'a pas commentée; Quelques temps auparavant, en 1965, l'artiste avait visité au Mexique une exposition d'objets et textiles liturgiques qui l'avait bouleversé, d'où ce titre en espagnol : "Ornamentos Sagrados". Lurçat a peut-être voulu magnifier les éléments de l'univers, offerts à l'homme, symbolisé par l'oeil au centre du globe.
      A gauche, les formes serpentines associées aux gouttes d'eau pourraient évoquer le dieu Quetzalcoati, le serpent à plumes qui provoque la pluie. On distingue ensuite la lune et ses différents quartiers. Cet astre occupe une place fondamentale dans la religion et le calendrier des Aztèques, tout comme le soleil, qui est très probablement représenté au centre. A l'intérieur, les compartiments de la composition rappellent la forme du calendrier aztèque.
      De nombreuses tapisseries de Lurçat portent des inscriptions. Ornamentos Sagrados est la seule tapisserie du Chant du monde à en porter une, dont l'une des phrases est écrite à l'envers, en miroir : "Tu t'éveilles véridique seigneur des deux pôles Astre aux griffes d'obsidienne". Aucune interprétation de ces mots ne s'est imposée à ce jour. Par ailleurs, écrire à l'envers était un procédé artistique souvent utilisé par les surréalistes.