A la suite d’une
rencontre fortuite sur les lieux d’un règlement de comptes entre deux
bandes rivales dans une banlieue de Moscou, deux journalistes qui vivent
sur place, un Français et un Américain, désabusés par déformation
professionnelle, se lient d’une amitié non exempte d’ironie.
L’Américain mène une vie agitée, le Français est plutôt solitaire. Leur
métier de chasseurs d’histoires les entraîne dans une enquête criminelle
au cœur de la Russie profonde : un tueur en série, à présent sous les
verrous, a bénéficié de protections qui lui ont permis pendant un temps
de commettre ses méfaits dans «une ville au nom d’usine métallurgique».
C’est sur la piste de ces protections que se lancent les deux
journalistes, et ils feront de cette enquête un pari existentiel sur
l’âme slave dont l’enjeu est, comme c’est l’usage, une caisse de
champagne.
Mais ils se heurtent immédiatement au mur du silence que dresse devant
eux un réseau inextricable d’intérêts contradictoires : services de
police concurrents et volontiers fratricides, pouvoir
médico-psychiatrique, administration locale.
Leur présence dans la province les a mis dans l’œil du cyclone, et ils
vont, malgré eux, susciter une série de bouleversements dans «la ville
au nom d’usine métallurgique».
Ce
quatrième roman de Thierry Marignac témoigne à la fois de son
excellente connaissance de la Russie contemporaine où il a fait
plusieurs séjours prolongés et de ses qualités de conteur d’histoires.
Vivant, efficace, fortement ancré dans le réel, Fuyards est empreint
d’une ironie noire et désabusée. A travers ses deux protagonistes,
l’auteur excelle à peindre une société où la corruption obéit à des lois
universelles, mais où «l’âme slave», fraîchement libérée du joug
communiste, cherche désespérément son identité.
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