mardi 26 février 2013

130226 - ECOUTE - Modeste MOUSSORGSKY - Tableaux d'une Exposition





Modeste MOUSSOGSKY

TABLEAUX D'UNE EXPOSITION










1 – Gnome
Sur un rythme boiteux, nous découvrons ce vilain nain à l'allure grotesque, se balançant gauchement sur ses membres difformes.

2 – Il Vecchio Castello
Le chant d'un troubadour devant un vieux château. Sérénade nocturne pleine d'amour et de tendresse, où les mots semblent se répéter sans fin. Mais pourquoi cette tristesse presque lugubre, ces soupirs, ces larmes et cette indication de Moussorgsky « con dolore » ? Peut-être est-ce là vraiment l'amour tel que nous l'apprend Stendhal : »c'est quand je le vois triste que je dis d'un homme qu'il commence à aimer ».

3 – Tuileries
Jeux et disputes d'enfants dans le célèbre jardin parisien, si français dans son écriture musicale que Ravel dira « se reconnaître en cette musique comme en un miroir ».

4 – Bydlo
Lourd chariot polonais, monté sur d'énormes roues et tiré par des bœufs.

5 – Ballet des poussins dans leur coquille
Maquette de Hartmann pour le décor d'un ballet : Tribly.

6 – Samuel Goldenberg et Schmuyle
L'humour déjà présent dans la précédente pièce paraît être poussé à l'extrême dans cette caricature : c'est la querelle de deux marchands juifs, l'un riche, gras et imposant, l'autre misérable, famélique et bavard, dont la défaite est certaine.

7 – Le marché de Limoges
Les commères discutent âprement, en s'amplifiant jusqu'à la bagarre.

8 – Catacombes
Ce dessin représente Hartmann dans les catacombes de Paris, à la lumière d'une lanterne. L'andante central, construit sur le thème de la Promenade : « Con mortis in in ligua mortua » (avec les morts dans le langage des morts) semble nous entraîner vers un sombre au-delà.

9 – Baba Yaga ou la cabane sur pattes de poule
Une horloge ayant la forme de la cabane de la légendaire sorcière Baba Yaga et montée sur des pattes de poule nous entraîne dans sa terrible course ; L'épisode central traduit la mystérieuse atmosphère de l'épais sous-bois où se trouve la cabane, d'où elle resurgit d'un rythme satanique.

10 – La grande porte de Kiev
Projet de Hartmann pour la construction - jamais réalisé – d'une porte d'entrée monumentale destinée à cette ville. Pièce majestueuse où le carillonnement des cloches – comme dans Boris – révèle une âme spécifiquement russe qui conclut dans une grandeur rarement égalée l'une des œuvres les plus imposantes jamais confiées au piano.



Alain BALAGEAS, piano




En juillet 1873, Moussorgsky eut la douleur de perdre un de ses plus chers amis, le peintre Victor Hartmann. Aussi, l'année suivante, quand les œuvres de celui-ci furent exposées à Saint-Petersbourg, le compositeur voulut prolonger cet hommage par une véritable transcription sonore des oeuvres picturales. Ainsi naquirent, le 22 juin 1874, les Tableaux d'une Exposition.

Reliées entre elles par des Promenades, sortes d'interludes où Moussorsky traduit ses propres sentiments, dix peintures musicales se succèdent. Après la cocasserie de Gnomus, voici la sérénade du Vecchio Castello et la poésie miroitante de Tuileries. La mélancolie burlesque de Bydlo prépare le ballet fantasque des Poussins dans leur coquille et les scènes comiques de Goldenberg et Schmuyle, étonnante caricature musicale que prolonge le savoureux Marché de Limoges. Enfin, au mysticisme angoissé de Catacombe, succède le scherzo diabolique de Baba Yaga et, admirable apothéose, la grandiose évocation de la Grande Porte de Kiev.

Oeuvre d'une difficulté technique presque insurmontable, les Tableaux d'une Exposition sont une véritable somme des embûches pianistiques de toute nature : passage de pouces, croisements incessants, octaves en triples croches, répétitions avec changement de mesure, sauts de quatre octaves, jeu de pédales qui tient de l'alchimie. Mais ces difficultés ne sont pas gratuites ; Elles sont au service d'une fresque unique dans la littérature pour piano. Ses prodigieux coloris tentèrent Ravel qui l'orchestra avec génie, certes, mais en lui faisant perdre son caractère spécifiquement russe ;

Au-delà de leur richesse descriptive et de leur écriture fascinante, les Tableaux d'une exposition sont une œuvre prémonitoire, qui annonce Stravinsky. Bartok et Prokofiev. Ils constituent le lien miraculeux et unique entre le romantisme et la musique moderne.

***

Les Tableaux d'une Exposition, écrits pour piano, sont peut-être plus connus sous la forme orchestral que leur donna Ravel. En 1873 mourut le peintre aquarelliste Victor Hartmann. Un an plus tard, en janvier 1874, son ami Stassov organisa une exposition de dessins, peintures, maquettes et projets d'Hartmann. Moussorgsky imagina d'en faire une suite pour piano, suite de peintures musicales, dont certaines seraient reliées par un thème commun, la « Promenade ». Ce thème servira d'introduction à une œuvre gigantesque – terminée le 22 juin 1874 – et paraîtra sous des couleurs différentes, reflétant l'impression laissée par le tableau précédent, et donnera à toute l'oeuvre une parfaite unité. Nous sommes donc du début jusqu'à lafin dans une des salles du musée ; la « Promenade » nous conduit et nous présente les dix tableaux de cette suite.
















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