A 75 printemps, Marie-Madeleine Vigny rentre d'un
périple de quelque 4 500 km, dont une partie avec son frère, pour
gagner Jérusalem.
Rencontre.
Marie-madeleine Vigny semble une retraitée tout à fait
ordinaire. Pourtant, cette Annemassienne, qui a déjà fait deux fois le
pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, décide un jour de partir à
pied pour Jérusalem, en demandant l'hospitalité. Un voyage de plus de
six mois, qu'elle accomplit du 11 juillet au 5 février, seule au départ,
puis avec son frère André Veyrat-Delachenal, qui l'accompagnera à
partir de novembre.
Mais pour quelles raisons entreprend-on une telle aventure ? « C'est
un désir de fraternité qui m'a poussé. Un besoin d'échange et de
partage entre gens de religions différentes et le fait de demander
l'hospitalité est la seule façon d'aller à la rencontre de l'autre » , dévoile Marie-Madeleine Vigny, « et puis nous voulions aller sur les lieux saints pour nous ressourcer. » Au
travers de l'itinéraire choisi, nos pèlerins ont rencontré des
chrétiens mais aussi des musulmans puisqu'ils ont fait 1 800 km en
Turquie. La route partait de Vevey pour continuer par le Grand
Saint-Bernard, Pavie, Lucques, Sienne, Assise, Pescara (où André a
rejoint Marie-Madeleine), puis ce fut la Grèce et la Turquie : Izmir,
Ephèse, Antalya, Mersin et enfin Beyrouth, Amman et Jérusalem.
Dans
les pays musulmans, le pèlerinage fait parti des cinq piliers de l'Islam
et accueillir des pèlerins est un honneur. Ils furent donc très bien
reçus, y compris par des imams certaines fois. « La demande
d'hébergement est difficile à faire au départ mais dans les villages,
les gens nous posent des questions, surtout les enfants et les jeunes et
c'est spontanément qu'ils se proposent après s'être concertés » , poursuit-elle, « et puis notre âge nous a été finalement utile ! » Ce voyage, que l'on pourrait croire éprouvant, s'est déroulé sans aucun incident de santé. « On a maigri mais on n'a jamais eu faim et on fait une grande confiance à la Providence », commente Marie-Madeleine, « de
fait, à plusieurs reprises, on a été touchés de voir que tout
s'arrangeait. Par exemple, un jour je demande du pain et la dame à qui
je m'étais adressée me fait signe d'entrer chez elle et ces gens nous
accueillent à leur table... » Mais quid du problème de la langue ?
Nos deux marcheurs parlent, à eux deux, quatre langues : anglais,
allemand, italien et grec. Et ils ont tenu à apprendre quelques mots de
turc, pour faire plaisir à leurs hôtes autant que pour se débrouiller.
Sur le plan pratique, chaque étape faisait en moyenne 20 à 25 km,
l'essentiel des bagages était porté par un caddie à roulettes et ils
étaient très équipés : sacs de couchages, petits matelas gonflables et
petit réchaud (pour le cas où l'hospitalité ferait défaut), un téléphone
portable et un I-Phone ont permis de rester en lien et d'alimenter le
blog en cours de route. Nos deux voyageurs ont même pu faire du tourisme
quelque fois, grâce à leurs hôtes, qui ont tenu à leur faire découvrir
les richesses de leur région (en Jordanie par exemple). « Voyager à
deux est mieux au niveau sécurité mais il faut très bien se connaître
pour faire ce genre d'aventure. On n'est plus pareil quand on revient.
C'est une expérience très révélatrice... » , avoue la pèlerine. Et la différence de religion ? Comme le dit Marie Madeleine, « en
Italie, les personnes nous demandaient de prier pour elles. Il y a des
musulmans qui nous ont dit : "Quand vous serez à Jérusalem, priez pour
nous". Certains Grecs nous ont donnés de l'argent pour mettre des
cierges à l'arrivée... » La tolérance est donc plus répandue qu'on ne le croit. « On
reste marqués par cet accueil chaleureux en Turquie et aussi par la
hauteur du mur élevé par les Israéliens à leurs frontières », ajoute Marie-Madeleine.
Et son frère, André, de conclure : « Sur
la route, on a le temps réfléchir à soi-même, à ce que l'on va devenir.
Pour des croyants, on se sent un peu aspiré vers l'au-delà... »
CHRISTIANE DOREAU
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