Camille Sain-Saëns :
Le Carnaval des animaux.
1 - Introduction et Marche royale du Lion.
2 - Poules et coqs.
3 - Hémiones (ou Animaux véloces)
4 - Tortues
5 - L'Eléphant
6 - Kangourous
7 - Aquarium
8 - Personnages à longues oreilles
9 - Le Coucou au fond des bois
10 - Volière
11 - Pianistes
12 - Fossiles
13 - Le Cygbne
14 - Finale
Bela Siki, Geza Anda (pianos), Philarmonia
Orchestra, Igor Markevitch, direction.
Concerto pour piano n° 2 en do mineur.
1 - Andante Sostrenuto - molto animato
2 - Allegro scherzando
3 - Presto
Jeanne-Marie Darré (piano),
Orchestre national de la Radiodiffusion française, Louis Fourestier,
direction.
Havanaise.
Leonid Kogan (violon), Boston Symphony Orchestra, Pierre Monteux.
Le Rouet d'Omphale.
Boston Symphony Orchestra, Charles Munch.
Introduction et Rondo capriccioso.
Jascha Heifetz (violon)
Danse macabre.
Orchestre du Concertgebouw, Charles Munch.
Le bonheur est chose
légère.
Ninon Vallin (soprano), Raoul Barthalay (violon), Madeleine d'Aleman (piano)
Un certain LEBOUC, violoncelliste, dédicataire du Cygne, ça ne s'invente pas ! C'était en 1886, Saint-Saens composait sa "fantaisie zoologique" à l'intention de quelques musiciens devant se réunir dans un salon parisien le jour du mardi gras. L'Introdution et Marche royale du Lion oppose l'instabilité des rugissements chromatiques et les échos stylisés des musiques que Saint-Saens avait entendues au Maroc. La saveur de Poules et coqs repose dur l'invention débridée des canons et le ressassement détraqué des quintes. Le mouvement perpétuel d'Hémiones (Animaux véloces) relève le défi de l'Ecole de la vélocité de Czerny : frôler le "rien" avec art. A l'inverse, Tortues démontre comment deux motifs anémiés d'Orphée aux Enfers peuvent être revivifiés par les progressions harmoniques inouies.
L'Eléphant (Allegretti pomposo) emprunte au Ballet des Sylphes de Berlioz et au Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn, modèles de diaphanéité.Le contrebassiste doit se dépasser ! L'activité bondissante des Kangourous contraste vivement avec le tableau de l'Aquarium : flûte, harmonica à clavier, cordes avec sourdines et pianos una corda ... Après cette luxuriante acoustique préfigurant la musique spectrale, Personnages à longues oreilles (Tempo ad libutum) aurait fait bonne figure dans un concert des années 1950 car tout repose sur des tensions d'intervalles, de timbres et de durées typiques de l'avant-garde. Le cri immuable de Coucou au fond des bois perce l'épaisseur des accords modulants des pianos. Sous couvert d'une page de virtuosité pour la flûte (traits, sauts de registres, chromatismes), Volière réserve à l'oreille des imprévus rythmiques mordants dont Messiaen dera son miel.
Le xylophone aurait pour ancêtre le claquebois médiéval. Décrit par Kastner en 1852 dans la Danse des morts, Saint-Saens l'a employé dans sa Danse Macabre. Dans Fossiles (Allegro ridicolo) le bruit des claquements d'os sert de refrain au traitement académique (canons, renversements, imitations) des comptines puis à la Romance de la Reine Hortense, révérée sous le Second Empire, et à laquelle un motif du Barbier de Séville fait un pied de nez. Le charme des modulations et les incises du deuxième piano voilent la régularité des périodes du Cygne.
Le finale reprend autour d'un refrain sautillant divers portraits qui se complètent. Le jeu des caractères animaux, des couleurs incongrues et des références outragées fit tant sourire les privilégiés parisiens du mardi gras 1886 que Franz Liszt demandait bientôt à entendre ce curieux Carnaval. Pauline Viardot organisait donc à son tour une audition.
Gérard Condé
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