ESSAIS ET NOUVELLES
Le jeune Enchanteur
Histoire tirée d'un palimpseste
d'Herculanum
Toute l'histoire part lors des fouilles de la
restauration en Italie à Naples en 1815, à la découverte d'une
magnifique fresque dans la maison d'Alcmoenon. L'histoire dessinée sur
la fresque est racontée:
Sempronius, jeune romain, est las du monde
et souhaite se suicider. Il confie son malheur à son ami Callias, dont
le principal trait de caractère est qu'il est épicurien. Sempronius est
promis à sa cousine Euphrosine, mais ne l'aime pas et ne l'a pas revue
depuis des années, et cette promesse de mariage l'a fait haïr dans son
coeur. Discussion sur la vie épicurienne; sur les tableau l'art et le
luxe, accès d'adoration de Sempronius pour un tableau de Caillas,
représentant l'Olympe, Vénus venue dans l'assemblée des Immortels
implorer Jupiter et le rendre propice aux Troyens. Après son adoration,
Sempronius se confie encore à Caillas. Il lui parle d'une pièce de
théâtre qu'il a vue chez un diplomate...
Choix
de maximes consolantes
sur l'amour
La même année, Baudelaire écrit Conseil aux jeunes littérateurs et Choix de maximes consolantes sur l’amour;
le premier conseille le jeune poète, le deuxième le jeune amant.
Fiévreusement impliqué dans son rôle de conseiller, le poète esquisse la
physionomie de sa démarche amoureuse.
De ses premiers amours, il a gardé quelques leçons; on se souvient de sa
liaison avec Sarah, dit La Louchette, qui inspira le poème des Fleurs du Mal :
« Une nuit que j'étais près d'une affreuse juive ». Baudelaire
s’explique de cette étrange passion au travers de ses maximes : « La
jouissance de la laideur provient d'un sentiment encore plus mystérieux,
qui est la soif de l'inconnu, et le goût de l'horrible ». Plus tard, en
1842, le jeune poète rencontre Jeanne Duval, qui restera sa maîtresse
toute sa vie. Le tumulte de cette passion, sensuelle, charnelle,
troublera sans cesse l’âme du poète; maintes fois trahi et abusé par sa
maîtresse, ces maximes s’appliquent à sa propre expérience : « La vertu
et l'orgueil vous crient : Fuis-là ! La nature vous dit à l'oreille : Où
la fuir ? » Et en un sens Baudelaire se console de ses propres déboires
amoureux avec la belle mulâtresse…
La Fanfarlo
D'abord refusée par la Revue de Paris, cette nouvelle paraît en janvier 1847 dans le Bulletin de la Société des Gens de Lettres, par les bons soins de Charles Asselineau.
Madame de Cosmelly, en promenade dans le jardin du Luxembourg, croise un
ami d’enfance, Samuel Cramer. Elle se confie de ses déboires
matrimoniaux : M. de Cosmelly la délaisse, pour une autre femme, une
danseuse qu’on appelle La Fanfarlo. Samuel Cramer s’engage à mettre un
terme à cette idylle. Mais rapidement lui-même s’éprend de cette
troublante Fanfarlo…
Il ne s’agit pas d’une grande œuvre romanesque, Baudelaire n’est pas à
l’aise dans le récit. Ainsi il empreinte le schéma au roman La Grande Coquette,
de son ami Alexandre Privat d’Anglemont. Les traits de La Fanfarlo sont
sans doute inspirés des charmes de Lola de Montès qui défraya la
chronique parisienne de 1845 à 1846. Dans le personnage de Samuel
Cramer, on y reconnaît une sorte d’autoportrait ironique de Baudelaire.
Certains critiques y reconnaissent aussi beaucoup de traits physiques et
moraux que l’on aurait pu prêter à Privat d’Aranglemont.
Casser ses jouets,
les protéger, les choyer; jouer au grand, jouer au monsieur ou à la
dame, jouer à la guerre; des beaux jouets, chers et pleins de couleurs,
des jouets intelligents, des jouets qui n’en sont pas; les jouets des
autres sont toujours plus beaux… Le poète nous enseigne sa morale du
joujou : pour lui, le jouet initie l’enfant à la beauté et à l’art,
inspire un imaginaire empreint de poésie, par leurs couleurs, par leurs
formes.
Nostalgique, Baudelaire contemple la vitrine de son enfance,
pleines de joujoux merveilleux. Il fait état de quelques souvenirs,
comme celui de cette bonne dame, Mme Panckoucke, qui possédait dans une
pièce un trésor de joujoux pour les bons enfants.
Il se remémore
également le souvenir d’un pauvre gosse – « sale, assez chétif » – qui,
sous le regard envieux d’un autre enfant – lui-même beau et bien portant
-, joue avec un « rat vivant »… Il reprendra cette histoire dans Le
Joujou du Pauvre, publié dans La Presse du 24 septembre 1862, puis sous
la forme d’un poème en prose dans
le Spleen de Paris. La présence de cette anecdote nous invite à une
seconde lecture de ce texte, confrontant l’innocence d’une vision
d’enfant sur le monde qui l’entoure à la bêtise du bourgeois qui ne
s’amuse plus de rien.
[Listes de titres et canevas
de romans et nouvelles]
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