Le train
roman
- Ecrit à Noland, Échandens (canton de Vaud), Suisse
25 mars 1961
- Édition originale :
Presses de la Cité, 1961
- Adaptations à l'écran :
Présentation
Bien qu'affligé d'une malformation à l’œil, Marcel Féron,
commerçant aisé et mari heureux, vit une existence sans problèmes
jusqu'au jour – c'est le 10 mai 1940 – où l'invasion allemande le
précipite, avec sa femme et sa fillette de quatre ans, dans un train qui
doit les évacuer hors de la zone des combats. C'est l'événement qu'il
attendait confusément : un possible nouveau s'ouvre devant lui, sans
qu'il en soit vraiment surpris.
Au moment du départ, sa femme, qui est enceinte de sept mois, et la
petite Sophie ont été installées dans un compartiment de 1re classe du
train, tandis que lui est parqué, avec les adultes valides, dans un des
nombreux wagons à bestiaux rattachés au convoi. Ce dernier est scindé
durant le parcours, et Marcel se retrouve séparé des siens.
L'inquiétude qu'il pourrait ressentir est refoulée par l'équipée
extraordinaire que lui fait vivre le train, avec ses encombrements, sa
promiscuité, ses haltes et les dangers aériens qui le menacent. Une
jeune femme en robe noire, sans bagages, montée dans le wagon à la
dernière minute (elle venait de la prison de Namur où les détenus
avaient été libérés), va déclencher l'imprévu pour Marcel : une liaison
s'ébauche entre lui et Anna. Dans une durée qui abolit passé et avenir,
ils font l'expérience d'une union à la fois physique et morale, sans
presque se connaître.
Le train arrive enfin à La Rochelle au moment de l'armistice de Pétain,
et les évacués se retrouvent dans un camp. Des listes circulent pour la
recherche des réfugiés : Marcel apprend ainsi que sa femme est à la
maternité de Bressuire, à quelques lieues de La Rochelle, où elle vient
d'accoucher d'un garçon. Il n'a de cesse qu'il ne l'ait rejointe. Anna
l'accompagne jusqu'au seuil de l'établissement. Le cœur serré, elle lui
dit adieu et ajoute simplement : « J'ai été heureuse avec toi ».
Le temps a retrouvé son cours normal. Avec ses deux enfants, Marcel
reprend sa vie familiale à Fumay, comme auparavant.
Pendant l'hiver de l'année suivante, alors qu'il se rend un soir chez un
client, il voit Anna surgir brusquement de l'ombre. Elle est venue lui
demander de l'héberger, elle et un aviateur anglais, car ils sont
traqués parla Gestapo. Ce n'est que pour quelques jours. Un moment
d'hésitation... Anna a compris et n'insiste pas. Marcel a une femme, des
enfants, une maison de commerce.
Un mois plus tard, sur une liste d'espions fusillés, Marcel lira un nom
anglais près de celui d'Anna Kupfer.
Les premières lignes…
Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient
filtrer dans la chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien.
Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à
aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac
du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme,
presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une
opération. Elle était alors enceinte de sept mois et demi. Comme avant
Sophie, son ventre énorme l'obligeait à dormir sur le dos.
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