mercredi 16 mai 2012

120516 - FILM TV - Tout sur ma mère

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  • Date de sortie
    (1h 41min
  • Réalisé par
  • Avec
  • Genre
  • Nationalité

     

    Synopsis et détails 

     

    Manuela, infirmiere, vit seule avec son fils Esteban, passionné de litterature. Pour l'anniversaire de Manuela, Esteban l'invite au théâtre ou ils vont voir "Un tramway nommé désir". A la sortie, Manuela raconte a son fils qu'elle a interprété cette pièce face a son père dans le role de Kowalsky. C'est la premiere fois qu'Esteban, bouleversé, entend parler de son père. C'est alors qu'il est renversé par une voiture. Folle de douleur, Manuela part à la recherche de l'homme qu'elle a aimé, le pere de son fils. 




    LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 12/05/2012

    On aime beaucoup
    | Genre : tout sur Almodóvar.
    Manuela vit seule avec son fils, Estebán. Apprenti écrivain de 16 ans, il a décidé ­d'intituler son premier livre Tout sur ma mère et d'y raconter la vie de Manuela. Et peut-être aussi la vie de son père, qu'il ne connaît pas. Mais Estebán meurt, renversé par une voiture. Le monde de Manuela ­s'effondre. Elle décide alors de partir à la recherche du père de son fils.
    Coup de coeur de la critique et des publics du monde entier, Tout sur ma mère a provoqué un émoi unanime. Almodóvar n'a pourtant pas renoncé à son originalité piquante. La réussite de son film est de mêler sentiments universels et convictions personnelles. Manuela est une figure de l'amour qui nous touche tous. Infirmière veillant aux dons d'organes, elle consacre sa vie, après la mort d'Estebán, à faire don d'elle-même en aidant ceux qu'elle rencontre. Mais cette générosité n'est pas du tout sanctifiée par Almodóvar. Il montre qu'elle est d'abord un instinct de survie, une façon d'oublier la douleur en s'oubliant soi-même. C'est toute la force du personnage de Manuela et de son interprète, l'étonnante Cecilia Roth : être dans le concret, la vérité de la vie. Là où la générosité peut faire non pas des miracles, mais sûrement des merveilles.
    Après la mort d'Estebán, le monde se recompose avec une actrice lesbienne, une religieuse enceinte, un camionneur devenu une « femme authentique » et un père nommé Lola. Almodóvar montre là sa vision de la vie, pleine de générosité aussi. Une générosité radicale. — Frédéric Strauss

    Frédéric Strauss

     

    LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 19/05/1999

    On n'aime pas Alors, comme ça, Pedro Almodóvar nous dirait tout sur sa mère ? Ce titre n'est peut-être pas un mensonge, mais à coup sûr un trompe-l'oeil. Car le peu que cet excellent fils nous ait jamais dit sur sa mère, il faut plutôt aller le chercher du côté de La Fleur de mon secret, son avant-dernier film. On y voyait Marisa Paredes, reine du roman rose, en plein désarroi existentiel, retourner auprès de sa vieille maman, dans La Mancha ­ là où justement le petit Pedro a grandi. Alter ego du cinéaste, la Paredes y retrouvait une inspiration feuilletonesque, et se mettait à écrire une intrigue foisonnante et abracadabrante : on ne se refait pas... Tout donne à penser que La Fleur de mon secret, sobre monographie sur la douleur féminine, a engendré Tout sur ma mère, bouquet flamboyant de secrets poignants, de dissimulations vitales, de mensonges mortels. « Il n'y a pas de plus grand spectacle que celui d'une femme qui pleure... » disait à l'époque Almodóvar. Si : peut-être celui de plusieurs femmes qui pleurent. Manuela, Rosa, Huma, Lola pleurent. Pas ensemble, mais à tour de rôle, des larmes retenues, des sanglots étouffés, parce que leurs destins s'emmêlent inextricablement, dans « un drame démesuré, baroque, aux personnages poussés à l'extrême, malmenés par le hasard ». Où l'on retrouve Marisa Paredes, en diva, façon Talons aiguilles : mais cette fois, elle ne chante pas, elle joue, elle est sur scène la Blanche Dubois d'Un tramway nommé désir. Et c'est en rentrant de son spectacle, sous une pluie battante, que Manuela (formidable Cecilia Roth) voit son fils, qui s'était précipité pour obtenir un autographe de l'actrice, mourir, renversé par une voiture. Le « drame démesuré » est en marche. Almodóvar annonce d'emblée qu'il va faire flamber tous les artifices du mélo. Coordinatrice des transplantations dans un hôpital madrilène, Manuela, lors d'un séminaire de psychologie, joue la femme éplorée apprenant de la bouche de ses médecins qu'un de ses proches est cliniquement mort... avant de vivre cette scène pour de bon. Plus qu'un coup de force scénaristique, c'est une sorte de manifeste almodovarien : en chaque femme, il y a une actrice, appelée à vivre les scènes qu'elle joue, et à jouer les scènes qu'elle vit. Car désormais, pour Manuela et tous ceux qu'un hasard forcé va mettre sur son chemin, la vie et sa représentation théâtrale sont indissolublement liées. Avec cette idée, obsédante, de la répétition, de l'éternel retour. La mort de son fils fait de Manuela une femme en mouvement. En quête de son passé, elle trace son chemin, rencontre des fantômes, mais aussi des vies nouvelles. Almodóvar a changé, dit-on. Les bien-pensants voudraient qu'il se soit « assagi ». Mais c'est tout le contraire : cette façon de se déployer dans le temps et l'espace, de relier les solitudes à travers les générations, de mêler les vivants et les morts, c'est simplement le signe d'une maturité qui s'offre de vraies audaces. Comme cette séquence fulgurante, d'un kitsch sublime, où Manuela ­ parce qu'elle veut retrouver le père de son fils, ce père qu'elle lui a toujours caché ­ quitte Madrid pour Barcelone, la ville de sa jeunesse. Un tunnel, long, interminable, et soudain, le ciel au-dessus de la ville illuminée, la voix déchirante d'Ismaël Lo, quelques clichés nocturnes de la ville baroque et interlope, un soupçon de Movida, et un émerveillement intact : en quelques plans, Almodóvar revisite à la fois son cinéma et son passé, sans que pointe une nostalgie complaisante, avec simplement un regard sincère sur les choses qui ont été, que l'on ne regrette pas, mais que l'on aime encore. En apparence, tous les ingrédients almodovariens sont là. Mais il ne faut pas se fier au papier peint furieusement années 70 de l'appartement dans lequel s'installe Manuela : c'est un lieu « de passage », comme sont de passage tous ceux dont elle va, un moment, partager l'existence dans cette ville. Bonne soeur, travelo, junkie, autant de figures familières, de film en film, que l'on s'obstine à désigner comme tels, mais dont l'identité est devenue si mouvante, si fluide. C'est ce sentiment aigu de l'éphémère qui rend ce film si poignant. Pendant longtemps, du temps où il faisait figure de pionnier, Almodóvar a semblé jouer avec cette idée qu'on pouvait rudoyer les corps, changer de sexe comme de chemise : Tino devenait Tina, seule femme au milieu des hommes (Carmen Maura s'y collait), on tutoyait le travelo, c'était La Loi du désir. Aujourd'hui, c'est une force archaïque, tellurique, qui permet à certains humains de transgresser la Loi de la différence des sexes. En une seule scène, renversante ­ que l'on baptisera « L'apparition de Lola » ­, Almodóvar redonne au transsexuel son essence divine, celle de l'androgyne primitif, homme et femme à la fois. Tout le monde ne peut prétendre à l'Olympe. A côté de Lola, il y a aussi la très humaine et si drôle Agrado, qui s'est donné ce prénom parce que toute sa vie elle a cherché « à être agréable à autrui ». Agrado a choisi le patio, la maison des femmes, la cour des songes et des mensonges. Tout son corps ment, avoue-t-elle à son public d'un soir, au cours d'un extraordinaire monologue impromptu, énumérant toutes les opérations qu'elle a subies pour être « vraie » : «Une femme est authentique lorsqu'elle ressemble à l'image qu'elle a rêvée d'elle-même. » Ce qui vaut pour une femme ne vaudrait-il pas aussi pour le cinéaste ? Ce film-là, on en est sûr, ressemble à celui qu'Almodóvar avait rêvé - Vincent Remy

    Vincent Remy

     

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