Ce sont des poètes, des artistes, des tsiganes, des musiciens classiques ou de jazz, mais aussi des vagabonds qui ont traversé les siècles et l’Europe entière. "Les Bohèmes ", appellation difficilement contrôlable tant elle enveloppe différents types de personnages dont le seul point commun est d’avoir dérogé à un certain mode de vie pour en choisir un autre, plus libre et plus risqué. Des gitanes de Cervantès aux peintres parisiens, des poètes qui observaient les roulottes des peuples voyageurs aux artistes fascinés par le sentiment de liberté, ce hors-série Télérama contient de nombreuses reproductions des œuvres de l’exposition "Les Bohèmes " au Grand Palais et propose des articles sur la bohème du XIXe siècle, grande période de création de personnages et de silhouettes. Hors-série Les Bohèmes, quand l’art vagabonde. 230 x 300 mm. 100 pages. |
Roman -
Sélection Télérama-France CultureLeo Pontecorvo est un spécialiste en cancérologie pédiatrique. La petite cinquantaine, il est père de deux garçons, heureux en ménage comme à l'hôpital et à l'université. Idolâtré par sa mère - qui vivait en Suisse durant la guerre, loin des rafles et des camps -, Leo n'a connu que le bien-être et l'équilibre. Mais, tout à coup, une fillette de 12 ans l'accuse d'agression sexuelle. Au lieu de se défendre, de dissiper un malentendu, il descend se cacher au sous-sol de sa maison. Et dès les premières lignes, le lecteur comprend qu'il n'y aura pas de fin heureuse : « C'est le 13 juillet 1986 qu'un désir inconfortable de n'être jamais venu au monde s'empara de Leo Pontecorvo. » Cet « inconfort » devient nausée, angoisse puis chaos. Face à une enfant mythomane, le médecin n'a plus qu'à glisser vers la paranoïa.
Ce qui pourrait n'être que le roman d'un homme lâche s'ouvre sur une terrible galerie de portraits, qui dessinent une société dominée par les apparences, malmenée par les commentaires sans nuances des médias. La vertueuse épouse, l'avocat à « l'éloquence tortueuse », les parents nouveaux riches de la jeune accusatrice, le procureur implacable sont les acteurs d'un petit théâtre social qu'Alessandro Piperno manipule avec ironie. Leo, prisonnier volontaire dans sa cave, n'est pas un symbole de l'injustice, mais celui d'une bourgeoisie italienne qui voit disparaître ses repères moraux et ne croit plus dans la bienveillance du destin. Toutes ces pistes, Piperno les suit en narrateur omniscient, et son écriture inventive, son sens de la digression, ses points de vue polyphoniques font de Persécution un roman très contemporain sur la chute d'un homme et la fin d'un monde.