Avez-vous déjà essayé, seul, d’être franc envers vous ? De faire
appel à l’Inquisiteur qui sommeille en vous, qui vous connaît et que
vous ne pourrez pas longtemps berner ? Parce qu’il était né dans une
famille protestante, et parce qu’il admirait Rousseau, c’est ce défi -
absurde et nécessaire - que relève Jacques Chessex, dans l’espoir non de
le tenir, mais de se confronter avec ce que Starobinski appelait « la
transparence et l’obstacle ». Divisé en grands thèmes comme « l’orgueil
», « le vice » ou « le suicide », cet examen de conscience n’évite aucun
sujet. « Dès les premiers mots qu’elle a dits, la voix questionne, je
réponds. C’est la loi d ’Interrogatoire . »
Le cahier des charges est simplissime ; mais qui pourrait s’y conformer
? Chessex s’y essaie : il évoque ses problèmes d’alcoolisme, ses doutes
- et sa foi - concernant l’écriture, ses questionnements devant les
hommes et devant Dieu, son désir pour sa compagne, de quarante ans sa
cadette. Que ce soit à travers sa propre oeuvre il revient longuement
sur Un Juif pour l’exemple ou par les écrits de
Heidegger ou de Flaubert, Chessex interroge également la littérature,
sans fard ni coquetterie. Les plus belles pages sont alors celles qui
tentent de percer le mystère de l’écriture, et la manière dont
l’écrivain tourne autour d’un sujet, lentement, avant de le choisir - ou
d’être choisi par lui. Puisqu’il s’agit de tout dire,
le lecteur trouvera également dans ces pages bon nombre d’aveux sexuels ;
mais ils sont de peu d’importance. Il faut les entendre comme des signes
de sincérité, qui dévoilent le grand désir de transparence chez
l’écrivain. Par eux, Chessex tient à nous assurer de la véracité de ses
autres chapitres. Cela aussi, Chessex l’apprit de Rousseau. À de rares -
très rares - moments, cela sent un peu l’exercice et la pose : mais
c’est que Chessex joue avec le feu. On connaît la phrase de Lacan : « Je
dis toujours la vérité : pas toute, parce que toute la dire, on n’y
arrive pas... » C’est cette volte-face qui resurgit dans L’Interrogatoire
; le même échec induit la même gloire. « "C’est ta conscience qui
te le dira." Combien de fois ai-je entendu ce propos trop simple,
apparemment trop transparent, pour ne pas me sentir cloué par sa ferme
et calme horreur ! »
La vérité est toujours simple, mais elle n’est pas de l’ordre du
savoir, car elle est pleine et totale. Elle effraie comme un bloc
d’abîme et de nuit. Jacques Chessex tente de la découvrir ; mais ce
qu’il découvre surtout, et qui fait la valeur de son livre, c’est qu’à
tant désirer la transparence, on n’entend plus rien de ce que l’autre
disait. La transparence est un obstacle. Changement de
rôle : l’inquisiteur s’inquiète. « Vous n’avez rien dit de Dieu, ou si
peu, rien de l’amour, rien de la peur... » Chessex lui répond : « Vous
auriez dû écouter mieux. » Ou comment un livre posthume nous invite à
ouvrir tous les autres livres de son auteur.
dimanche 25 novembre 2012
mercredi 21 novembre 2012
121121 - LECTURE - Jean-Marc LIGNY - Exodes
lundi 19 novembre 2012
121119 - LECTURE - Marguerite DURAS - Dix heures et demie du soir en été
Comme une histoire banale... L'Espagne, l’orage, la chaleur. Le crime, l'adultère, les vacances. Dans un hôtel, on s'arrête pour la nuit, la pluie est bien trop forte pour gagner Madrid. Un bruit, un fait divers. Un homme, Rodrigo Paestra, a tué sa femme et son amant. Peut-être se cache-t-il quelque part, sur les toits. Maria, Pierre, son mari, Judith, leur fille, et Claire, une amie, sont dans cet hôtel, sous la chaleur et la moiteur de l’orage. Maria a tendance à trop boire, la douceur des manzanillas est trop forte à sa gorge. Pour Pierre et Claire, c'est la passion qui s’ébauche. Il est dix heures et demie du soir, en été. Maria les sait à l’agonie du désir qui s’enflamme. Elle les voit, sur le balcon. Ces gestes qui ne se contiennent plus, ces mots dont les lèvres ne sont plus une barrière… Mais aussi, elle LE voit. Rodrigo Paestra. Forme sombre enveloppée dans une couverture, sur le toit, là, en face, à l'abri de l'aurore. Tout le monde l'aime, celui-là, il a bien eu raison de faire ce qu’il a fait. Peut-être peut-elle le sauver, changer le cours de sa propre vie… Que se passerait-il si… ? Toujours l'écriture en images, les mots qui coulent, sans réserve. Ce roman est un instant dans la vie des personnages, un instant à l'intensité canalisée, secrète. Qui change le cours de l’existence et pourtant semble la laisser identique à elle-même. Quelques lignes. « Il faut attendre encore. Et tant l’impatience de l’attente grandit qu'elle atteint son comble, et voici, un répit se produit. Une main de Pierre est partout sur ce corps d'autre femme. L’autre main la tien serrée contre lui. C’est chose faite pour toujours. Il est dix heures et demie du soir. L’été. » |
vendredi 16 novembre 2012
121116 - LECTURE - Jean GENET - Le Miracle de la Rose
mardi 13 novembre 2012
121113 - LECTURE - Rainer Maria RILKE - Lettres à un jeune poète
dimanche 11 novembre 2012
121111 - ECOUTE - FLEISHER, Leon
121111 - LECTURE - TELERAMA Spécial BARBARA
121110 - FILM TV - CLEMENCEAU
Informations détaillées
Genre :
Téléfilm historique
Origine : Français Acteur / rôle : Pascal Elso :Paul Deschanel Jacques Bonnaffé :Raymond Poincaré Albert Delpy :Claude Monet Marc Citti :Georges Mandel Didier Bezace :Clémenceau Thierry Gibault :Mordacq Grégory Gadebois :Georges Wormser Monia Chokri :Charlotte Beauséjour Réalisateur : Olivier Guignard Musique : Eric Neveu Synopsis de Clémenceau
En 1924, une jeune journaliste québécoise vient en France pour
enquêter sur le héros de la guerre, Clémenceau, qui était encore
président du Conseil quatre ans auparavant. Pourtant, en 1917, rien ne
pouvait laisser prévoir que celui qu'on surnommait déjà «le Tigre»
reviendrait un jour au pouvoir. Cette année-là, les Alliés sont battus
sur tous les fronts. Les troupes allemandes, après avoir subi quelques
revers, menacent à nouveau Paris, tandis que l'armée française subit une
vague de mutineries. La IIIe République aux abois a besoin d'un
sauveur. Bien qu'il le détestent, les gouvernants décident alors de s'en
remettre à Clémenceau, qui redevient président du Conseil...
La critique TV de TELERAMAdu 10/11/2012
Février 1924. Charlotte,
jeune journaliste québécoise, entreprend d'écrire une biographie de
Georges Clemenceau, homme politique aux multiples facettes. Au soir de
sa vie, mais toujours alerte, le « Père la victoire » accepte dans un
premier temps de raconter son retour au pouvoir en novembre 1917, à 76
ans. La France est alors au bord du gouffre : les Allemands menacent
Paris, les mutineries se multiplient dans l'armée. Appelé à la
présidence du Conseil par Poincaré, Clemenceau, partisan de la guerre
jusqu'au bout, forme un gouvernement de choc dont le programme tient en
un mot d'ordre : vaincre. Défaitistes et « traîtres de l'arrière » sont
alors pourchassés...
Ce seul épisode de la carrière du Tigre, moment clé où se jouent le destin de la France et celui d'un homme autant haï qu'admiré, aurait suffi à nourrir la fiction en enjeux dramatiques forts et à faire surgir les apparentes contradictions d'une personnalité singulière, anticonformiste. Au lieu de cela, le scénario s'éparpille, à vouloir trop en dire, à croiser les époques et les faits (le scandale de Panamá, l'affaire Dreyfus...) à coups de flash-back et de dialogues qui ressemblent à des abrégés de cours d'histoire. Entravée par cette rigueur documentaire, la vie, elle, peine à s'imposer, malgré l'interprétation convaincante de Didier Bezace, une réalisation soignée et une utilisation judicieuse des images d'archives. Isabelle Poitte |
mercredi 7 novembre 2012
121107 - FILM TV - Chatroom
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mardi 6 novembre 2012
121006 - FILM CINEMA - Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté
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121106 - ECOUTE - Jules MASSENET - Werther
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Jules Massenet : Werther.
Georges Thill (Werther), Ninon Vallin (Charlotte), Germaine Féraldy (Sophie), Marcel Roque (Albert), Armand Narçon (le Bailli), Henri Niel (Schmidt), Louis Guénot (Johann), La Cantoria, Chœur et orchestre de l'Opéra de Paris - Elie Cohen, direction. |
lundi 5 novembre 2012
121106 - FILM TV - Le Rite
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dimanche 4 novembre 2012
121104 - LECTURE - Michel TREMNLAY - Le cahier noir
121104 - LECTURE - Charles BAUDELAIRE - Les fleurs du mal
samedi 3 novembre 2012
121103 - LECTURE - Charles BAUDELAIRE - Les fleurs du mal
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