Les Jardins de Lumière par Amin Maalouf le Livre de Poche . Amin Maalouf a choisi de nous raconter la vie, l'oeuvre et le martyre de Mani ou Manès(216-277), prophète perse fondateur du manichéisme.
Né
à Babylone, issu d'une famille qui appartenait à une secte baptiste
judéo-chrétienne, Mani dès l'âge de quatre ans, fut élevé dans une
morale rigoureuse basée sur l'abstinence et la chasteté.
Adulte,
visité par un ange qu'il appelle le Jumeau, envoyé par Le Royaume de la
Lumière, il gagne l'Inde, il prêche en Médie, en Perse et chez les
Parthes. Tout en se disant apôtre du Christ, il reconnait comme
prophètes Bouddha et Zoroastre.
Tout cela, Maalouf nous le conte à la
manière des orientaux qui, avec des phrases simples, des mots colorés
et qui chantent, ont su depuis des temps immémoriaux, captiver leurs
auditeurs.
Ecoutons-le: C'est Mani qui prêche.......
<>
C'est pourquoi lorsqu'on lui offre de riches cadeaux, Mani les refuse avec ces mots :<>>
Encore
Mani [i]:<< Je respecte toutes les croyances, et c'est bien cela
mon crime aux yeux de tous. Les chrétiens n'écoutent pas le bien que je
dis du Nazaréen, ils me reprochent de ne pas dire du mal des Juifs et du
Zoroastre. Les mages ne m'entendent pas lorsque je fais l'éloge de leur
prophète, ils veulent m'entendre maudire le Christ et le Bouddha. Car
lorsqu'ils rassemblent le troupeau des fidèles, ce n'est pas autour de
l'amour mais de la haine, c'est seulement face aux autres qu'is se
retrouvent solidaires....Mon crime est de vouloir les consilier. Je le
paierai. Car ils se réunissent pou me damner...>>........
Il le paya au prix fort: <<
Mani fut livré au supplice des fers. Une lourde chaîne scellée autour
du cou, trois autres autour du buste, trois à chaque jambe, et trois
encore à chaque bras. San autre violence ni sévisse ni cachot. Il était
seulement retenu dans une cour dallée, près du poste de garde.
Sous
le poids, la vie allait s'écouler goutte à goutte. Ordre avait été donné
de le nourrir pour qu'il souffre plus longtemps......Au vingt-sixième
matin, s'acheva le dernier acte de ce que l'on pourrait appeler sa
passion ?...son supplice?...son martyre?....sa crucifiction?....Mani
aurait simplement dit "son bannissement". C'était en l'an 584 des
astronomes de Babel, le quatrième jour du mois d'Addar et pour l'ère
chrétienne le 2 mars 274, un lundi.>>
Mani ou Manès est
devenu au fil des siècles , pour les religions dominantes du monde, le
démon menteur, le récipient gorgé de Mal, le maniaque, le responsable
d'un perfide enchantement et son message, l'ignoble superstition, la
pestilentielle hérésie.
Lui qui fut l'apôtre de Jésus en Egypte et le Bouddha de Lumière en Chine !
Lui qui, parlant de Dénagt sa compagne et adepte disait: "Ses habits dessinent le contours de mon Royaume vagabond" C’est peut-être le livre le plus poignant de tous ceux que j’ai lus de Maalouf.